Le gouvernement australien avait annoncé jeudi 21 juillet, vouloir entamer des poursuites contre David Hicks, ancien prisonnier de Guantanamo, pour avoir tiré profit des ventes de son autobiographie.
Hicks, de nationalité australienne vit actuellement à Sydney et a brisé le silence l'an dernier en publiant une autobiographie, racontant sa détention à Guantanamo et les circonstances de son arrestation. Le livre publié en octobre 2010 détaille son vécu comme détenu à Guantanamo, et les tortures subies par ses geôliers dans la prison américaine.
Celui que les Etats-Unis surnomment « le taliban australien » et converti à l'islam, David Hicks a été arrêté en Afghanistan peu après les attentats du 11 septembre 2001 et passe cinq ans et demi dans la prison de Guantanamo. Il a ensuite été condamné par un tribunal militaire pour « soutien matériel au terrorisme » avant de retourner en Australie en avril 2007 pour y terminer sa peine.
Libéré neuf mois plus tard sous conditions, dont l’interdiction de donner la moindre interview pendant un an, David Hicks entame alors, à 35 ans, la rédaction d’une autobiographie intitulée « Guantanamo : my journey ». L’ouvrage s’est vendu à plus de 30 000 exemplaires et Hicks a reçu déjà une avance significative.
Canberra s'oppose aux droits d'auteur pour l'ex-prisonnier de Guantanamo
Mais le gouvernement australien juge illégaux les droits d'auteur tirés du livre. Pour la justice australien, les faits semblent clairs comme du cristal : David Hicks a plaidé coupable devant un tribunal militaire américain pour soutien matériel au terrorisme. La loi interdit à quiconque de s'enrichir sur un crime et il devient alors illégal pour un criminel de tirer profit de ces crimes.
Par conséquence, l'ancien éleveur, David Hicks n'a pas le droit de tirer un bénéfice financier de son livre, en vertu d'un amendement à la loi, voté spécialement pour le priver d'un tel profit. L’ancien détenu se voit retirer le droit de bénéficier des retombées financières de son livre car le procureur avait demandé « une ordonnance restrictive et une ordonnance sur les recettes littéraires ».
Coupable aux Etats-Unis mais pas en Australie
D'un autre côté, John Dowd, militant pour les droits de l'homme en Australie, remarque que dans tous les cas David Hick « n'a jamais été reconnu coupable d'aucun crime par la justice australienne ». Un avis partagé par Amnesty International, qui souligne également que le gouvernement australien, contrairement aux Britanniques, permet la détention prolongée de ses ressortissants sans jugement et sans raisons légales : et ce « même après la sortie de rapport sur la torture, établi par d'anciens détenus et le FBI » (source Financial Times).
Pour le moment des invetigations plus approfondies sont en cours entre l'avocat de Hicks et une équipe de juristes de Canbera pour trouver une issue à cette affaire. Une nouvelle audience est attendue vers mi-août.
Pour certains australiens Hicks est la victime des excès de l'administration de George W. Bush. Le 23 août 2006, l'organisation australienne Get Up avait lancé une pétition en faveur de David Hicks qui retournait au pays le 20 mai 2007.
*A lire également :
- Extracts from David Hicks' memoir, Guantanamo Bay: My Journey
- L'article du 19 octobre 2010 dans The Australien : He can't handle the truth
- L'article du 9 mars 2011 dans lemonde.fr : Guantanamo, la promesse non tenue d'Obama