Elle s’appelle Barbie tout simplement parce que ses concepteurs, Elliott Handler et son épouse Ruth, avait une fille prénommée Barbara. En 1961, les époux Handler qui ont le sens de la famille chevillé au corps, trouvent un copain à Barbie, ce sera Ken, en hommage à leur fils. L’apparition de Barbie sur les rayons des magasins de jouets, en 1959, bouleverse les codes immuables de la poupée. Jusque-là baigneurs et poupons constituaient à peu de choses près les seuls choix qu’avaient les petites filles.
Et puis Barbie arrive… Haute de 29cm, Barbie mannequin et ses jambes interminables, Barbie et ses cheveux à foison, Barbie, sa taille de guêpe et sa poitrine en obus de canon. Cette morphologie a même été le sujet d’études. Et selon celle menée à l’université d'Australie du Sud, si Barbie existait en vrai, elle ressemblerait à ceci : mensurations 99-58-83, taille 2m18 avec un cou deux fois plus long qu’une femme normale !
La poule aux œufs d’or
Les premiers modèles valaient 3 dollars et même si les mamans ne jugeaient pas Barbie toujours du meilleur goût, les fillettes en redemandaient. On pouvait à l’époque rapporter sa vieille Barbie au magasin et en obtenir une neuve pour un dollar cinquante ! Cinq décennies plus tard les grand-mères d’aujourd’hui qui ont conservé leurs premières Barbie peuvent espérer en retirer quelque argent. La cote des modèles les plus recherchés peut en effet grimper jusqu’à plusieurs milliers de dollars, voire, comme chez Christie’s en 2010, atteindre 220 000 euros ! Mais il s’agissait là d’une Barbie d’exception parée de 3 carats de diamants dont un rose d’un carat, une création du joaillier Stefano Canturi. Le produit de la vente a été reversé à la recherche sur le cancer du sein. La morale est sauve…
Elliott Handler et son associé chez Mattel, Harold Matson, ont découvert la poule aux œufs d’or avec Barbie. Mais le succès se serait peut-être bien vite tari s’ils n’avaient eu l’idée de décliner en multiples univers la fameuse Barbie. A partir de là vont surgir des multitudes de Barbie princesses, sirènes, vivant bien sûr dans monde toujours rose (la couleur quasi sacralisée de celle qui tutoie l’icône), et collant à la réalité des années 1970, des Barbie exerçant des professions, plus de 120 à ce jour. En 2000, Mattel frappe un grand coup avec la première femme présidente des Etats-Unis incarnée bien sûr par une Barbie en tailleur bleu et collier de perles.
Barbie à tout faire
Poupée-femme ou femme-poupée, cette image des poupées Barbie est décriée par des féministes qui lui reprochent d’imposer un modèle de potiche-toujours-contente aux petites filles. D’aucunes, au contraire, affirment que les multiples activités endossées par la poupée offrent aux filles un horizon sans limites. Mais même si Barbie s’émancipe au fil des ans, elle reste imperturbablement blanche dans une Amérique qui l’est de moins en moins. Elle prendra des couleurs au fur et à mesure des marchés à conquérir ; la première Barbie noire, Francie, est lancée en 1967, suivront Marina l’Asiatique puis, Teresa l’Hispanique. Il existe même une « Barbie » correspondant aux valeurs musulmanes ; mais celle-ci s’appelle Fulla et elle est fabriquée en Chine…
Plus d’un demi-siècle après sa création, Barbie continue d’avoir du succès malgré la concurrence des jeux vidéo. Chaque seconde, trois Barbie sont achetées dans le monde et, depuis sa création, on estime à 650 millions le nombre de modèles vendus. En France, il se vend un jouet Barbie (poupée ou accessoire) toutes les 5 secondes et seules 14% des petites Françaises n’en ont aucune, contre 3% des Américaines. La façon de s’amuser avec les Barbie a bien peu changé au cours des décennies malgré l’offre débordante d’accessoires. Cependant internet a permis d’innover d’une manière que les créateurs de Barbie n’avaient peut-être pas prévu. Parfois, quand elles grandissent, les fans de poupées Barbie les recyclent en effet en stars de leurs propres créations vidéo. Ames sensibles s’abstenir.