C’est un lourd défi qui attend les républicains pour 2012 : trouver le candidat capable de renverser Barack Obama qui a l’avantage d’être non seulement le président sortant mais aussi celui qui a éliminé l’ennemi public numéro un de l’Amérique, Oussama ben Laden.
Dans le parti, la nervosité gagne du terrain et les candidatures se multiplient. Aujourd’hui, ils sont neuf à s’être lancés, officiellement, dans la course aux primaires. La concurrence est rude et tout reste possible.
Les favoris : Bachmann et Romney
D’après les derniers sondages, deux personnalités se dégagent du lot : la représentante du Minnesota Michele Bachmann et l’ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney.
A 54 ans, Michele Bachmann a annoncé sa candidature le 13 juin lors d’un débat télévisé où elle a fait sensation, et a donné le coup d’envoi de sa campagne ce lundi dans sa ville natale de Waterloo en Iowa, avant de poursuivre sa tournée dans le New Hampshire et en Caroline du Nord, passant ainsi dans les trois Etats clefs où se jouera l’investiture républicaine à partir de l’année prochaine.
Cette avocate est vénérée par les ultraconservateurs du Tea Party dont elle a fondé le groupe à la Chambre des représentants. Revendiquant sa foi chrétienne, elle dit avoir été inspirée par Dieu dans sa candidature à la Maison Blanche. Mère de 5 enfants, elle est farouchement opposée à l’avortement et défend l’idée d’un amendement constitutionnel qui définit clairement le mariage comme l’union « d’un homme et d’une femme ». Elle a en ce moment le vent en poupe et talonne de très près son principal rival Mitt Romney.
Cet homme d’affaires de 68 ans apparaît comme le favori des républicains. Sa défaite aux primaires de 2008 face au sénateur John McCain lui a permis de tester sa machine électorale et de se construire un nom. Fondateur d’une société d’investissement à Boston, il bénéficie d’une belle fortune personnelle qui lui permet de financer un ambitieux plan de campagne. Mais ce mormon rigoriste, qui ne fume pas et ne boit ni café ni alcool, a pour principal défaut d’avoir mis en place dans l'Etat du Massachusetts une couverture santé fort comparable à celle défendue par Barac k Obama.
La course à l’investiture républicaine pourrait donc prendre les allures d'un duel féroce. Mais ce scénario peut être remis en cause du jour au lendemain si Sarah Palin lève enfin le doute sur sa candidature. A 46 ans, cette ex-candidate à la vice-présidence et ancien gouverneur de l’Alaska est devenue une icône médiatique. C’est la républicaine la plus connue des Etats-Unis. Elle n’est pas officiellement candidate mais a entamé une tournée en autocar.
Gingrich et Paul : deux poids lourds du parti
Dans une stratégie inverse, deux poids lourds du parti se sont jetés dans la bataille depuis longtemps : Newt Gingrich et Ron Paul, en campagne depuis mi-mai.
Grand nom de la droite américaine, Newt Gingrich a été le meneur de la « révolution républicaine ». En 1994, il a réussi à mettre fin à quarante années de majorité démocrate au sein de la Chambre des représentants qu’il a présidée de 1995 à 1999. Il a incarné l’opposition face au démocrate Bill Clinton. Mais dans la course à l’investiture, il risque d’être handicapé par son passé sentimental agité et les récentes démissions en chaîne de plusieurs proches collaborateurs.
Quant à Ron Paul, âgé de 74 ans, c’est un vétéran de plusieurs campagnes électorales. Le représentant du Texas se revendique « libertarien ». Il milite pour une intervention minimale de l’Etat et prône la liberté individuelle comme valeur suprême à toute action politique. Des positions qui, en réalité, ont plus de chance de séduire la minorité des ultraconservateurs qu’une large audience parmi les républicains.
Les plus petits
Après les gros, les petits tentent aussi leur chance, tels que Herman Cain. Unique candidat noir, âgé de 65 ans, il a remporté quelques succès lors du premier débat présidentiel républicain en Caroline du Sud. Avec sa voix de baryton, il s’avère un excellent orateur. Ancien directeur d’une chaîne de pizza, il joue aussi sa carte d’homme d’affaires à succès. Mais ce quasi novice en politique doit encore gagner en notoriété et en crédibilité.
De même, pour les candidats Tim Pawlenty et Rick Santorum, le défi sera celui de la médiatisation. A 50 ans, Tim Pawlenty manque de véritable poids politique, bien qu’il soit parvenu, lors de son mandat de gouverneur, à redresser les finances du Minnesota. Rick Santorum, lui, doit réussir à dépasser les frontières de la Pennsylvanie dont il a été sénateur. Commentateur politique sur les plateaux de Fox News et dans les colonnes de The Philadelphia Inquirer, il pourrait incarner le conservatisme social. .
Candidatures originales
Et pour finir, deux candidatures originales, celles de Gary Johnson et de Jon Huntsman. Agé de 58 ans, Gary Johnson, milliardaire qui a fait fortune dans le BTP, se présente comme le « président veto », ayant bloqué pas moins de 750 projets de loi lors de ses deux mandats de gouverneur à la tête du Nouveau Mexique. Il s’est opposé aux deux guerres en Irak et en Afghanistan. Mais il est surtout connu pour avoir tenté de dépénaliser la marijuana dans son Etat.
Jon Huntsman est, lui, réputé pour les solides relations qu’il a tissées avec la Chine. Nommé par Barack Obama, il a été ambassadeur à Pékin jusqu’à très récemment. Il est considéré par ceux qui le soutiennent comme le candidat le mieux placé pour obtenir de la grande puissance asiatique qu’elle abandonne ses pratiques commerciales qui empêchent l’économie américaine de rebondir. Par ailleurs, ses positions relativement modérées en matière de mœurs pourraient séduire les indépendants. Il s’est notamment prononcé en faveur des unions civiles pour les couples homosexuels. Mais pour convaincre les républicains, il devra durcir ses déclarations et fustiger plus encore les politiques du président Obama.