« Je demande pardon pour les violations des droits de l'homme commises par le Pérou en 1941 ». Les paroles d'Alan Garcia exhument un pan douloureux de l'histoire nationale, car parmi les 33 000 Japonais ou descendants de Japonais qui vivaient au Pérou au début de la Seconde Guerre mondiale, près de 2 000 furent déportés dans des camps aux Etats-Unis et, précise le président péruvien, « beaucoup d'entre eux ne sont pas revenus ».
C'est bien pourtant le Pérou qui, tout comme le Brésil d'ailleurs à peu près à la même époque, sollicita il y a un bon siècle de cela la main-d’œuvre nippone pour travailler dans les plantations, et surtout celles de coton, alors grande richesse locale.
Mais le climat se dégrade avec la montée de l'impérialisme nippon. A Lima en 1940, lors d'un soulèvement meurtrier contre les Japonais de la capitale, leurs commerces sont saccagés. L'hostilité culmine avec Pearl Harbour, l'attaque surprise contre l'allié américain, et des expulsions s'ensuivent vers des camps d'internement au Texas.
Depuis, la communauté d'origine nippone du Pérou s'est intégrée, comptant même dans ses rangs un chef de l'Etat, Alberto Fujimori, aujourd'hui en prison. Mais ses quelque 100 000 membres actuels n'ont pas oublié ; ils réclament des compensations comparables à ce que les Japonais-Américains ont obtenues de leur gouvernement en 1988. Sur cette voie, les excuses d'Alan Garcia peuvent passer pour un premier pas.