La santé du président vénézuélien Hugo Chavez provoque des remous

Les problèmes de santé à répétition du chef de l'Etat vénézuélien provoquent une certaine inquiétude dans son pays. Hugo Chavez, dont une première visite à Cuba avait été interrompue en mai par une fracture du genou, était de retour dans l'île communiste mercredi 8 juin pour une visite officielle, lorsqu'il a été confronté à un nouveau problème de santé. A 56 ans, il a été opéré avec succès vendredi 10 juin 2011 à La Havane d'un abcès pelvien. La convalescence du président Chavez pourrait être longue.

Avec notre correspondant au Venezuela, François-Xavier Freland

Officiellement, le président Hugo Chavez souffrait déjà d'une blessure au genou gauche ces derniers temps. On l'avait vu durant sa récente tournée en Amérique du Sud entre Brésil et Equateur, marcher en boitant, une canne à la main. Le président vénézuélien a été opéré d’un abcès pelvien vendredi 10 juin 2011 à Cuba, il s’agit d’une accumulation de pus dans la région de l'abdomen, dû vraisemblablement à une infection bactérienne.

Cela fait beaucoup de pépins de santé en quelques semaines et évidemment cela a provoqué toute sortes de rumeurs. Certains, surtout dans l'opposition, évoquent déjà la tumeur. A priori, l'intervention qui est bénigne, s'est bien déroulée. Et dès dimanche 12 juin 2011, Hugo Chavez, depuis son lit d'hôpital, très essoufflé malgré tout, s'est entretenu au téléphone en direct à la nation sur la chaîne internationale Telesur. Il avait l'air fatigué, mais il a voulu rassurer, et faire comprendre par ce geste qu'il était toujours aux commandes.

Pouvoir vacant

Du côté de l'opposition, c'est plutôt une bonne nouvelle même si on ne se réjouit jamais de la maladie d'un homme, quel qu'il soit. Mais, à un an de l'élection présidentielle, le grand leader infatigable en difficulté représente plutôt du pain béni. L'opposition a réagi assez vite et de manière plutôt virulente.

Plusieurs personnalités ont déploré un pouvoir vacant et demandé la tenue d'un débat exceptionnel à l'Assemblée nationale pour faire le point sur l'état de santé du président Chavez et aussi sur la crise institutionnelle que son absence prolongée du territoire pourrait provoquer.

En plus, le président s'est vu octroyer des pouvoirs exceptionnels en décembre dernier, qu'il n'a toujours pas rendu, à savoir de diriger par décret, pour officiellement agir de manière efficace contre la catastrophe humanitaire provoquée par des pluies torrentielles.

Cette même Assemblée à majorité chaviste a décidé vendredi 10 juin 2011, le jour de l'opération, de lui accorder une autorisation d'absence prolongée du territoire, dans le cadre de cette longue convalescence qui l'attend à Cuba, au grand dam de l'opposition qui dénonce, pour sa part, une mascarade pour « cacher la vérité aux Vénézuéliens ».

Quid de la succession du président omniprésent

Dans le camp Chavez, on serre les rangs car beaucoup craignent sérieusement une conspiration durant l'absence du chef. Pour le moment, c'est Nicolas Maduro, le vice-président et ministre des Affaires étrangères, qui semble avoir pris les choses en main. Il est le bras droit d'Hugo Chavez, le fidèle d'entre les fidèles, son homme à tout faire, qui tient l'armée. On l'a vu dimanche dernier à la télévision donner le bulletin de santé du président.

Mais ce militant de la base, ancien chauffeur de bus, devenu numéro deux du chavisme, ne fait pas l'unanimité dans son camp. Il est assez rude dans ses paroles et semble parfois manquer de sérénité. L'opposition en profite et n'hésite pas à appuyer là où ça fait mal, à savoir que le président omniprésent n'a pas vraiment prévu sa succession.

Du côté des militants, c'est l'inquiétude qui prime. Ils étaient ce week-end quelques milliers de fidèles à s'être rassemblés dans le centre de Caracas dans un élan de solidarité avec leur « comandante ».

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