La prochaine étape, c'est le « grand jury », un jury d'accusation composé de 16 à 23 citoyens ordinaires, qui doit confirmer en quelque sorte l'inculpation, émettre formellement un acte d'accusation. Pour cela, il entend le représentant du parquet lui exposer ses éléments de preuve (les témoignages, dont celui de la plaignante, les tests médico-légaux qui ont été pratiqués, mais aussi l'allusion à d'autres affaires comparables). Le prévenu pourra aussi s'exprimer, s'il le souhaite, mais pas son avocat.
Cette audition par le grand jury, qui examine l'affaire parmi d'autres, n'est pas publique. Elle doit avoir lieu très rapidement en cas de détention, ce qui est le cas, au plus tard dans les 6 jours suivant l'arrestation. C'est ensuite un nouveau juge de l'Etat de New York qui va signifier à DSK l'inculpation formelle si le grand jury a estimé qu'il y avait assez de preuves pour faire un procès.
Nouvelle audience publique vendredi
Cette audience là, publique, est déjà fixée, à vendredi prochain (20 mai). La défense pourra encore y plaider la libération sous caution. Surtout, le dossier d'accusation lui sera enfin transmis. Elle sera donc en mesure d'élaborer son propre dossier pour tenter de réfuter, pièce par pièce, les éléments rassemblés par le parquet. C'est à partir de ce moment-là que les avocats de DSK vont vraiment travailler à égalité avec le procureur dans une procédure intégralement contradictoire, et ce jusqu'à ce que le procès se solde par un verdict.
Depuis le début de la procédure, en effet, la défense a plutôt fait pâle figure. Elle s'est bornée à indiquer lundi à la juge du tribunal de New York les raisons pour lesquelles aucune tentative de fuite n'était à redouter de la part de DSK, qui pouvait en conséquence, de son point de vue, être libéré sous caution.
Grand déballage à prévoir
Car la phase accusatoire domine les premiers jours d'un procès pénal américain. Dès la garde à vue policière terminée, le parquet exprime son intention de poursuivre devant un magistrat, auquel il demande en cas d'infraction grave une mise en détention préventive. A ce stade, les avocats ne sont pas encore dans le secret des différentes investigations menées à charge. Ils s'attachent surtout à ce que leur client conserve sa liberté de mouvement.
En revanche, dès qu'ils connaissent la future stratégie de l'accusation, ils diligentent leurs propres enquêtes. Ils instruisent à décharge, si l'on peut dire en référence au rôle du juge d'instruction à la française, qui est censé instruire, lui, à charge et à décharge. Et ils vont dans ce but mettre tout en oeuvre pour fragiliser le témoignage principal, en fouillant notamment dans la vie et la personnalité de la victime présumée pour y trouver les failles susceptibles de rendre sa version moins crédible. D'où un grand déballage à prévoir, d'un côté comme de l'autre, lors du procès qui se déroulera d'ici quelques mois, dans l'hypothèse la plus rapide, devant un jury populaire de 12 membres, dont l'éventuel verdict de culpabilité ne sera acquis qu'à l'unanimité.