Depuis l'annonce de l'opération américaine, les responsables gouvernementaux se contentent de souligner leur participation aux opérations de renseignement qui ont finalement permis de débusquer ben Laden. Pour sa part, le Premier ministre Yousuf Raza Gilani est allé jusqu'à critiquer l'incurie des services du monde entier, qui ont eu besoin d'une décennie pour enfin localiser le numéro un d'al-Qaïda.
De fait, l'annonce de la réussite de l'opération américaine est un camouflet infligé à l'armée et ses services de renseignement. On était habitué à ce que cette institution règne en maître au Pakistan et aujourd'hui, elle perd la face.
Comme du reste, à chaque fois qu'un drone américain vient frapper sur le sol pakistanais, et que le gouvernement en est réduit à déplorer le viol de la souveraineté pakistanaise.
Face aux accusations de complicité, le gouvernement pakistanais a pourtant un argument de poid : son armée et sa population civile payent un prix élevé dans la lutte contre le terrorisme. Il n'est pas dans l'intérêt du Pakistan d'héberger des terroristes sur son sol.
Reste que ben Laden vivait dans une ville garnison, et que ce n'est pas la première fois que l'on repère un haut responsable taliban dans ce type d'environnement. Si la bonne foi des autorités n'est pas en cause, c'est alors que les renseignements lui échappent -du moins en partie- et c'est tout aussi inquiétant.