Avec notre correspondant à Caracas, François-Xavier Freland
Maria Corina comme on l'appelle, qui admire Angela Merkel en Allemagne ou l'ancienne présidente chilienne de gauche, Michelle Bachelet, s'impose de plus en plus comme une candidate sérieuse face à Hugo Chavez. La députée de l'opposition incarne déjà la douceur, le charme en politique, face au discours viril, au style musclé du président. En plus, c'est une très jolie femme de 44 ans, ce qui compte ici au pays des Miss Univers.
Et puis c'est une battante qui, malgré les menaces de mort, va au contact des électeurs. « Au Venezuela, 52 % des électeurs sont des Vénézuéliennes, des femmes, dit-elle. Malheureusement, cela ne correspond pas à la représentation politique, notamment au Parlement, où les femmes ne représentent que 15 % des députés. Je crois que les femmes ont le devoir aujourd'hui, dans ce moment de grand défi, de faire avancer la contradiction, entre une conception militaire du pouvoir, et l'exaltation ou la fortification de la dimension civile dans la manière de diriger le pays. Afin de passer de la violence, du discours de haine, à la tolérance, au discours de convivialité, à la réconciliation et au dialogue ».
Elle considère en plus que la femme est la plus touchée par le climat d'intolérance ambiant, ce machisme politique qui s'exprime, selon elle, notamment par l'explosion de la violence meurtrière conjugale au Venezuela.
Cette mère de trois enfants, divorcée, ingénieur industrielle de formation, qui a aussi fait des études de finances, se dit très sensible aux problèmes sociaux, de pauvreté et d'insécurité, son principal cheval de bataille lorsqu'elle s'est présentée aux élections législatives de septembre 2010. Elle a d'ailleurs été élue très facilement grâce notamment à son côté apolitique qui séduit les déçus du chavisme, elle n'appartient à aucun parti et c'est aussi un choix évidemment opportuniste dans un pays aussi polarisé.
Des qualités mais des faiblesses aussi
Maria Corina Machado a cette étiquette de « candidate de la bourgeoisie ». Elle a été élue députée dans la circonscription de Miranda, à l'est de Caracas, plutôt bourgeoise et anti-chaviste mais qui abrite néanmoins un certain nombre de quartiers populaires, dont le barrio de Petare, l'un des plus grands du monde.
Maria Corina vient d'une grande famille vénézuélienne, qui a des ancêtres politiques, hommes d'affaire, les Machado. Et elle appartient à ce que Chavez déteste le plus, l'oligarchie locale. C'est peut-être pour cela qu'elle met davantage son prénom en avant. En tous les cas, elle est fière de son nom, un de ses ancêtres dont elle parle souvent a même fait tomber un dictateur dans l'histoire. Elle considère que sa famille véhicule des principes d'honnêteté en politique qui ont disparu, selon elle, dans un pays en proie au mensonge et à la corruption.
Mais évidemment, là encore, elle a été sévèrement attaquée par les chavistes qui l'ont accusée d'avoir détourné des fonds provenant des Etats-Unis, lorsqu'elle était à la tête du mouvement Sumate, accusée d'avoir serré la main de George Bush, d'avoir participé indirectement au coup d'Etat contre Hugo Chavez en 2002.
Bref, face à toutes ces attaques, elle n'a qu'une réponse : les chavistes n'ont plus d'arguments face à ce qu'elle estime être un bilan catastrophique, il ne leur reste, que la calomnie, selon elle, l'arme numéro un du populisme... Elle fait peur. Reste à savoir si Maria Corina Machado réussira à s'imposer face aux candidats masculins de son propre camp, lors des primaires à la présidentielle…