Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry
Avant de mourir, la jeune femme a expliqué son geste en disant qu’elle se suicidait pour ne pas avoir à assister à l’éventuelle remise en liberté de Raymond Davis, l’employé de l’ambassade américaine responsable de la mort de son mari.
Le ressortissant américain, qui assure avoir agi en état de légitime défense, a tiré fin janvier à bout portant sur deux motocyclistes pakistanais dont il assure qu’ils s’apprêtaient à l’agresser. Les deux hommes sont morts sur le coup.
Le suicide de la femme de l’un d’eux fait ce lundi 7 février la une de la presse au Pakistan. Les manifestations contre la libération de Raymond Davis se multiplient. Les slogans dans ces rassemblements dont se sont emparés les partis religieux redoublent de violence.
Les autorités américaines assurent que leur ressortissant avait un visa diplomatique et demandent son extradition et la fin de sa détention qu’elles jugent illégale. En fin de semaine dernière, la Haute cour de justice de Lahore a refusé de remettre l’Américain aux autorités de son propre pays tant qu’elle n’aurait pas rendu son jugement.
Le sentiment hostile aux Etats-Unis est de plus en plus vif au Pakistan et les relations souvent tendues entre les deux puissances pourtant alliées dans la lutte contre le terrorisme depuis fin 2001. Cette affaire ravive encore les polémiques entre les deux Etats.
Islamabad est dans une position délicate face à un puissant allié qui lui verse des milliards de dollars chaque année pour son effort de guerre contre le terrorisme. Mais parallèlement, le pays doit faire face à l’hostilité croissante de sa population. Quant à Washington, il a un besoin crucial de son partenaire pakistanais pour mener sa guerre en Afghanistan.