Avec notre correspondant à Rio, François Cardona
Tous les magasins et bars de la favela Vila Cruzeiro ont fermés leurs portes. Seuls de rares habitants circulent dans les rues. Christina vient d’amener son cousin à l’hôpital, il a été blessé lorsque les unités d’élite ont pris d’assaut le quartier :
« Tout le monde s’était réfugié dans ma maison, parce que les tirs ne l’atteignaient pas. C’était comme à la guerre. On entendait les balles sifler… La fenêtre était ouverte. Mon cousin est allé la fermer. Les flics ont dû penser qu’il allait jeter quelque chose dans la rue. Et ils ont tiré »
En milieu de journée, les soldats ont réussi à pénétrer dans la favela, obligeant les trafiquants à fuir le quartier qu’ils occupaient depuis plusieurs mois, rendant la vie impossible à ses habitants comme en témoigne Rosa, mère de famille :
« Après la pacification des autres favelas, les bandits sont tous venus ici. L’insécurité dans la rue a augmenté. Les gens se sont retrouvés prisonniers dans leurs maison ».
De cette journée, Rosa s’en souviendra longtemps. Mais comme de nombreux habitants de la favela, et c’est une première, elle compte maintenant sur la police pour lui permettre de vivre en paix.
« La situation a été terrible ici, ajout-t-elle. Beaucoup de tirs, des gens blessés. Et même un mort, ici, dans la rue. Mais cette opération, c’est une bonne chose. On va voir maintenant si nous, les gens du nord de Rio, nous allons enfin pouvoir respirer ».
L’armée affirme désormais avoir pris le contrôle de la favela. Mais les habitants craignent que les trafiquants ne s’avouent pas vaincus si rapidement.