Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
Avec l’extradition de celui qui a été surnommé le marchand de mort prend fin un long imbroglio diplomatique entre Washington, Bangkok et Moscou. Lorsque piégé en 2008 par des agents américains se faisant passer pour des membres des FARC, Viktor Bout est arrêté par les autorités thaïlandaises, l’administration américaine demande qu’il soit extradé aux Etats-Unis afin d’y être jugé pour avoir soutenu le terrorisme par des ventes d’armes illicites.
Mais Moscou a multiplié les démarches pour s’y opposer. Le Kremlin redoute que s’il est interrogé par les Américains, il fasse des révélations embarrassantes sur la façon dont il s’est procuré une partie de l’arsenal de l’ancienne Union soviétique revendu à des groupes rebelles.
La Thaïlande, elle, est tiraillée entre son allié et ami américain, et son partenaire commercial russe. Les deux grandes puissances ont fait chacune pression sur le royaume: lors de sa récente visite au Sud-Est asiatique, Hillary Clinton avait réitéré le souhait des Américains.
Le gouvernement thaï vient finalement d’accéder à leur demande, soulevant une protestation immédiate des Russes. Mais pour les agences américaines de lutte contre le terrorisme l’extradition est considérée comme un joli succès, même s’il risque de créer un nouveau froid entre Washington et Moscou.