De notre correspondant à Washington,
Le nom des Tea Parties vient de la révolte qui, en 1773, avait conduit les colons américains à jeter le thé par-dessus bord… dans le port de Boston. A l’époque, il s’agissait de protester contre les impôts levés par l’Empire britannique. Deux siècles et demi plus tard, les Tea Parties renaissent pour affirmer une autre indépendance : celle des citoyens américains à l’égard de l’administration de Washington.
Des Tea Parties, le monde entier connaissait surtout, jusqu’à présent, celle qui les a personnifiés pendant la campagne présidentielle de 2008 : Sarah Palin, ex-gouverneur d’Alaska, ex-candidate à la vice-présidence chez les républicains aux côtés de John McCain.
Pour faire campagne, le Tea Party Express – l’une des organisations les plus importantes parmi les quelque mille se réclamant de la mouvance – a décidé de se lancer dans une grande tournée nationale en autobus.
Avec 14,4% de chômeurs et le plus grand nombre de saisies immobilières réalisées cette année, le Nevada fait figure d'Etat sinistré. Le sénateur sortant Harry Reid, chef de la majorité démocrate au Sénat, risque de perdre son siège au profit de la candidate du Tea Party Express Sharon Angle. Les sondages les donnent au coude à coude.
Assez logiquement, c'est donc à Reno, dans le Nevada que le mouvement ultraconservateur a décidé de commencer sa tournée. Avec un seul message : « Le 2 novembre, il sera temps de choisir », scande Sarah Palin sur la tribune installée sur le parking d’un centre commercial. « Et quand il nous faudra choisir, nous choisirons ceux qui promettent de baisser les taxes sur les entreprises, de simplifier le code fiscal et d’éliminer les dépenses superflues, pour mettre un terme à notre dette et notre déficit ».
Sarah Palin n’est pas candidate à ces élections de mi-mandat. Mais elle a apporté son soutien à plus d’une dizaine de candidats des Tea Parties à travers le pays. Certains pourraient être élus et contraindre les Républicains à opérer un virage à droite, vers plus de conservatisme. D’autres risquent, au contraire, d’être battus et de ruiner les chances des mêmes Républicains de prendre la majorité au Sénat.
C’est le cas dans le Delaware, où Christine O’Donnell a arraché l’investiture du parti républicain au très expérimenté Mike Castle. L’injection, dans les dernières semaines avant la primaire, de 250.000 dollars dans la campagne d’O’Donnell n’y est pas pour rien. « Je suis vraiment curieuse de voir comment ça va se passer », soupire Samantha Turner, membre des jeunes républicains de l’université du Delaware et militante active aux côtés de… Mike Castle. « Je le soutenais vraiment et je continue de penser qu’il fallait que ce soit lui qui remporte la primaire. Avec lui, c’était gagné pour les républicains ! Notre principal objectif, c’est de prendre le Sénat et Mike Castle aurait pu faire ça pour nous. Maintenant, il faut nous repositionner pour soutenir Christine O’Donnell, bien qu’elle soit en retard de plus de 15 points dans les sondages ».
Comme beaucoup de républicains, Samantha Turner s’inquiète de la montée des Tea Parties. « Je suis d’accord avec beaucoup de leurs positions sur l’économie », affirme la jeune femme. « Mais les républicains sont divisés sur l’ascension du Tea Party. Si beaucoup de ses candidats sont élus, les républicains seront obligés de revoir leur copie et de dire ‘ok, il faut qu’on se rapproche des Tea Party pour reformer un seul mouvement’. Mais je suis vraiment curieuse parce que, pour beaucoup de gens, ils sont trop extrêmes ».
Et si les candidats des Tea Parties échouent, cela pourrait faire l’affaire des démocrates.