Avec notre envoyée spéciale à New York
Ce sont sur Park Place, à deux rues de Ground Zero, deux petits immeubles contigus qui sembleraient désaffectés n’était la voiture de police qui stationne devant et le modeste va-et-vient de ses visiteurs.
Derrière la porte vitrée, à gauche un couloir au sol couvert de chaussures provisoirement abandonnées par leurs propriétaires musulmans, et au bout une salle où un responsable évoque dans un anglais monocorde la nécessité de tenir compte des inquiétudes ambiantes.
Son auditoire affecte en effet du détachement face à la polémique née de la prochaine transformation de ce local en véritable centre islamique. Un fidèle invoque même un symbole américain entre tous : « Le World Trade Center, ou quoi que ce soit d'autre, ce n'est rien à côté de Dieu. C'est de Dieu que tout dépend. Même les billets de banque américains disent : en Dieu nous croyons ».
Son voisin se veut tout aussi serein : « L'Amérique a assez d'informations pour se rendre compte de ce qu'est l'Islam, sans avoir à regarder du côté de l'Irak ou de l'Afghanistan. Qu'ils regardent ce qui se passe aux Etats-Unis et la façon dont nous pratiquons ici la liberté de religion !».
A droite, un escalier débouche sur un vaste sous-sol où un imam dirige la prière pour une bonne centaine de fidèles. Quand à la barmaid du pub voisin, elle se dit parfaitement neutre. D’un côté, avance-t-elle, c’est toujours bien d’être aussi proche d’un immeuble qui attire du monde. Mais d’un autre, ces gens-là ne boivent pas d’alcool.