En Haïti, la Minustah est taxée de «force d'occupation» par des manifestants

Le conseil de sécurité de l'ONU a prolongé jeudi 14 octobre 2010, à l'unanimité et pour un an, sa Mission de stabilisation en Haïti. Une résolution attendue car la force de l'ONU a notamment pour mission d'assister le gouvernement dans l'organisation des élections présidentielle et législatives du 28 novembre. L'insécurité est grandissante à Port-au-Prince mais cette décision des Nations unies n'est pas approuvée par tous les Haïtiens.

Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron

Devant la plus grande base de la Minustah du pays, les manifestants taguent toute voiture siglée Nations unies qui passe devant eux et brûlent même un drapeau brésilien, le pays le plus représenté dans le contingent de Casques bleus. A 24 ans, Franz Lambert en a assez de ce qu'il appelle cette «armée d'occupation» : «La Minustah est dans le pays depuis six ans, ils tuent des gens ! Aujourd'hui nous manifestons pour réclamer le départ du pays des forces de la Minustah. La Minustah dépense énormément d'argent pour les grands messieurs mais ne fait rien pour aider les gens. Chaque jour des enfants ne peuvent aller à l'école cependant il y a de l'argent pour la Minustah. Alors aujourd'hui on dit 'merde'à la Minustah ! ».

Sur leurs pancartes, les slogans sont écrits en anglais, en portugais. Edmond Mulet, le chef de la mission de l'ONU, y est accusé d'être un trafiquant de drogue et la Minustah est taxée de pédophilie.

César Mélinant interpelle durement les Casques bleus postés devant lui : « A bas l'occupation économique ! à bas l'occupation militaire !!! C'est la masse populaire, la masse pauvre qui revendique le droit à l'éducation. Haïti aux Haïtiens ! Haïti n'est pas pour la Minustah mais pour les Haïtiens !! ».

Les officiers jordaniens restent en retrait à l'extérieur de la base mais, bouclier à la main, ils se préparent à parer tout débordement violent. Un journaliste étranger a été fortement bousculé par ces forces de sécurité mais la manifestation s'est achevée sans heurts.

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