Le Venezuela plus meurtrier que l’Irak ?

Selon Roberto Briceño-León, directeur de l’Observatoire Vénézuelien de la Violence , le Venezuela peut être consideré, sans doute, comme beaucoup plus dangereux que l’Irak. Les chiffres ne mentent pas : en 2009, on a dénombré en Irak 4 000 morts civils, alors qu’au Venezuela, pour la même période, le chiffre officiel de l’Institut National de Statistiques s’élève à 19 000 morts, presque cinq fois plus qu’en Irak.

Comment en est-on arrivé là, alors que le Venezuela n’est pas en guerre, et que la situation du trafic de drogue ne ressemble aucunement à celle du Mexique ?

Briceño-León explique tout d’abord que la crise institutionelle du système judiciaire et des forces de sécurité a entraîné un climat d’impunité que l’on ne peut plus contrôler. Une fois de plus, les chiffres sont effrayants : pour 100 crimes commis, la police pratique à peine neuf détentions ; 91% des délinquants courent toujours dans la rue.

« On va démolir les ennemis »

D’après cet expert, les messages et le discours de violence et de haine du président Hugo Chavez expliqueraient aussi partiellement cette violence quotidienne : des phrases comme « On va démolir les ennemis », « Celle-ci est une révolution pacifique mais armée » ou le slogan du régime « La patrie socialiste ou la mort » propageraient aussi ces messages violents.

Briceño-León évoque aussi « l’importation » du crime organisé et du trafic de drogue provenant de la Colombie, notamment dans les Etats vénézuéliens de la frontière, Táchira et Zulia, où certains crimes comme l’enlèvement et les assassinats à la solde des bandes criminelles se sont multipliés ces dix dernières années.

Au delà des chiffres, cette avalanche de violence est très mal vécue par les Vénézueliens, de plus en plus concernés par l’insécurité. Selon Roberto Briceño-León, « les gens réagissent avec une peur qui les empêche de sortir, c’est une sorte d’état de siège et pire encore, les gens achètent des armes à feu pour se protéger et se défendre ».

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