Son portrait de jeune homme souriant a fait le tour des Etats-Unis. Son cas provoque des débats acharnés sur le net. Le jeune homme de 22 ans, recruté comme analyste de renseignement, a-t-il trahi le secret défense de l’armée américaine ? « Oui », dit le gouvernement de Washington. Il accuse Manning d'avoir téléchargé des données confidentielles prises sur l'intranet du ministère de la Défense, avant de les remettre au site Wikileak.
Montrer des crimes de guerre est-il un crime ?
Il s’agirait d’environ 90 000 documents sur les guerres en Irak et en Afghanistan dont une vidéo qui montre une bavure de l'armée américaine en Irak. C'est justement l'argument des défenseurs de Bradley Manning : montrer des crimes de guerre n'est pas un crime, affirme James Branum, avocat et membre du comité de soutien. « Nous pensons qu’il ne devrait pas être jugé, dit-il, car, qu’a-t-il fait au juste ? révélé des crimes de guerre ! Nous pensons que c’est nécessaire et important. Les gens aux Etats-Unis et dans le monde entier ne connaissent pas la vérité sur la guerre en Afghanistan. Les documents en question montrent une image différente de la guerre. Et dans une démocratie, il est important de connaitre la vérité pour prendre des décisions intelligentes. »
Un avis partagé par Daniel Ellsberg. L'ancien analyste militaire avait provoqué une affaire d'Etat, en 1971, en publiant des documents secrets sur la guerre du Vietnam. Pour ce précurseur, le jeune homme est tout simplement un héros.
Exposer les réalités de la guerre ou un malaise personnel ?
Comment expliquer alors la motivation du jeune homme ? par sa volonté de « révéler la face caché de la guerre en Irak et en Afghanistan », comme estime James Branum. Ou pourrait-il y avoir des raisons plus personnelles, moins « héroïques » ? Cités par le New York Times, ses proches laissent entendre que Manning avait du mal à se faire accepter dans l’armée à cause de son homosexualité. Un acte de vengeance alors ?
Jeff Paterson n’y croit pas du tout. Si Manning est vraiment l’auteur des fuites, dit ce membre du collectif anti-guerre Courage to resist qui soutient l’accusé, il est difficile de croire qu’il l’ait fait pour toute autre raison que d’exposer les réalités de la guerre. Le procès fera ressortir la vraie motivation de Bradley Manning. S'il est jugé coupable, Bradley Manning pourrait écoper jusqu'à 52 ans de prison.