Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
C’est avec tristesse et indignation que l’Amérique a accueilli la nouvelle. Le fait que les victimes aient été des médecins n’hésitant pas à aller dans les régions les plus reculées, sans armes ni escorte militaire, pour soigner les plus déshérités a profondément choqué les Américains.
L’émotion est particulièrement profonde dans une petite ville new-yorkaise, proche d’Albany, où se trouve la maison familiale du chef de la mission : l’ophtalmologue Tom Little âgé de 61 ans. C’est là que sa femme Libby a appris l’exécution de son mari. Elle l’avait accompagné à plusieurs reprises dans ses voyages, et le couple et leurs trois filles vivaient plus souvent en Afghanistan qu’aux Etats-Unis.
Dr Tom, comme l’appelait affectueusement ses patients, avait commencé à soigner les Afghans en 1978 et ne devait plus s’arrêter pendant plus de trente ans. En 2001, les talibans l’avaient expulsé, mais il était revenu après l’invasion américaine ayant suivi les attentats du 11-Septembre.
Les menaces constantes n’ont jamais effrayé la famille: son épouse a dit avoir été giflé une fois par un insurgé. Aujourd’hui résignée, elle a déclaré à CNN que son mari serait enterré, selon le rite chrétien, dans un cimetière de Kaboul.
L’ophtamologue avait expliqué un jour qu’il serait presque déshonorant de dire au revoir à des gens qui ne peuvent quitter l’Afghanistan.