Un moratoire de six mois sur la délivrance de permis d’exploitation de pétrole en eaux profondes dans le golfe du Mexique, l’arrêt de 33 forages, et des projets en Alaska suspendus…Ce sont les principales mesures de restrictions annoncées jeudi 27 mai 2010 par Barak Obama.
L’impact sur les compagnies pétrolières a été évalué par le cabinet Wood Mackenzie spécialisé dans les questions énergétiques. Selon lui, un mois de moratoire dans le golfe du Mexique représente entre 1,6 et 2,9 milliards de dollars d’investissements reportés.
Avec un moratoire de six mois, c’est 4% de la production totale de pétrole en eaux profondes dans le golfe du Mexique qui serait reportée. Cela représente aussi un manque à gagner pour le gouvernement, toujours selon les experts de Wood Mackenzie : 120 à 150 millions de dollars de royalties en moins, et entre 300 et 500 millions de dollars d’impôts sur les sociétés en moins, sur l’année 2011.
On comprend dès lors que certains sénateurs américains, élus dans des Etats pétroliers se soient plaints des restrictions annoncées par Barak Obama. Ils ont demandé vendredi au secrétaire aux Affaires intérieures Ken Salazar de ne pas interdire les nouveaux forages en eaux peu profondes. Les élus citent l’exemple de puits en Alaska creusés sous 45 mètres d’eau seulement.
Le offshore : un tiers de la production mondiale de pétrole
Les restrictions imposées par les Etats-Unis vont aussi contraindre « les compagnies pétrolières à renforcer leur normes de sécurité un peu partout dans le monde et pas seulement dans le golfe du Mexique», estime Stanley Nahon, chargé des questions énergétiques au sein du cabinet Booz & Cie « et cela va avoir un impact sur les coûts de production ».
L’exploitation du pétrole offshore doit-elle pour autant être remise en cause ? Elle représente un tiers de la production mondiale de pétrole, selon l’Institut Français du pétrole. Et certains pays se sont spécialisés dans l’exploitation en eaux profondes.
Ainsi le Brésil disposerait d’immenses réserves. La compagnie pétrolière brésilienne Petrobras a découvert en 2007 des gisements de pétrole au large de ses côtes, dans l’Atlantique. Ils pourraient renfermer 50 milliards de barils de brut. Reste à les exploiter car ils reposent sous une épaisse couche de sel, à quelque 7 000 mètres de profondeur.
L’exploitation du pétrole offshore représentent donc« l’avenir pour les pays qui ont déjà exploité leurs réserves on-shore », rappelle Philippe Copinschi, professeur à Sciences Politiques, qui cite les Etats-Unis, le Brésil mais cela a aussi d’autres avantages, comme en Afrique. « L’offshore s’est beaucoup développé dans le golfe de Guinée au cours des 15 - 20 dernières années parce que l’insécurité au Nigeria et pendant longtemps en Angola, à cause de la guerre civile, n’a pas permis l’exploitation à terre », ajoute Philippe Copinschi.
Le chercheur relativise toutefois l’essor du pétrole offshore. Selon lui, « les compagnies pétrolières occidentales se rabattent aussi sur le offshore parce que certains pays pétroliers comme l’Arabie Saoudite leur restent fermés. A l’échelle du monde, ce sera probablement au Moyen-Orient qu’on pourra produire le plus de pétrole, si l’on veut continuer à en trouver ».