Insécurité en Haïti: MSF ferme temporairement son hôpital à Cité Soleil

Les Haïtiens continuent de subir les conséquences des gangs armés. Alors que le pays peine encore à rendre accessibles des soins de santé, des hôpitaux ont été contraints de suspendre leurs activités. Les quelques rares établissements qui fonctionnent sont parfois débordés avec un personnel réduit, car les médecins ne peuvent pas se déplacer.

En Haïti, la guerre des gangs n'épargne même pas les malades. À l'instar de l'hôpital Albert Schweitzer, à Deschapelles, Médecins sans frontières (MSF) a annoncé ce jeudi 9 mars suspension de ses activités à Cité Soleil, commune de la capitale, Port-au-Prince. Une décision prise à cause des heurts qui ont eu lieu près de son établissement, situé dans la commune.

« Nous avons été contraints de fermer temporairement notre hôpital à Cité Soleil, Haïti, en raison de violents affrontements entre groupes rivaux lourdement armés qui se déroulent autour de l'hôpital », écrit Amnesty international sur son compte Twitter.

MSF se dit dans l'incapacité de garantir la sécurité de son personnel et de ses patients. Cette fermeture, ajoutée au contexte de crise, va directement frapper les habitants de Cité Soleil.

À Port-au-Prince, les hôpitaux qui fonctionnent encore sont parfois débordés, car ils ne peuvent, à eux seuls, accueillir des patients trop nombreux. À cela s'ajoute l'incapacité des médecins à se déplacer, en raison de l'insécurité qui sévit dans le pays.

Ces derniers jours, les personnels de santé étaient contraints de travailler en équipes alternées, à cause des blessés par balle qui s'ajoutent à une affluence déjà difficile à contenir.

Pendant ce temps, la grève des médecins résidents entamée en décembre dernier pour réclamer de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaire se poursuit à l'hôpital universitaire de Port-au-Prince, le plus grand centre hospitalier du pays.

Pour ce quartier défavorisé de Port-au-Prince, la fermeture de l'hôpital de MSF est une catastrophe, explique Alexandre Marcou, responsable communication de Médecins sans frontières.

« Conséquences malheureusement néfastes, voire dramatiques »

« Les conséquences malheureusement sont néfastes, voire dramatiques, dans une commune qui compte plus de 300 000 habitants, où il y a très peu de structures de soin. C'est une population qui vit dans des conditions d'hygiène très compliquées, qui manque d'accès à l'eau potable. C'est dans ces quartiers qu'on a vu aussi la résurgence du choléra en octobre dernier », explique Alexandre Marcou.

Ce sont des quartiers violents aussi, à cause des blessures par balle, des blessures par arme blanche. Les besoins sont énormes...

 

Le trafic illégal d'armes à feu de gros calibre est en nette hausse vers Haïti

Alors que Haïti sombre dans le chaos, le trafic illégal d'armes à feu de gros calibre est en nette hausse vers le pays. Des pistolets et même des mitrailleuses lourdes « sont aujourd'hui importés clandestinement, dans un contexte de dégradation rapide et sans précédent de la sécurité ». C'est ce qu'a écrit l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans un rapport publié il y a une semaine. Angela Me l'a coordonné.

Aux États-Unis, des individus peuvent acheter des armes à feu, en particulier dans les États où les législations sur ces armes sont les mieux restrictives. Ils peuvent donc y acheter des armes à feu et les transporter en Haïti. En général, les cargaisons passent directement de la Floride vers Haïti, mais aussi de la Floride vers la République dominicaine et, de là, en Haïti.