C’était son premier acte politique après avoir été investi ce week-end. Le Parlement, dominé par les alliés du président, vainqueurs des législatives de février 2021, a révoqué les juges de la Cour suprême et le procureur général du pays. Une décision saluée par Nayib Bukele mais qui a provoqué un tollé au sein de l’opposition et des organisations de défense des droits de l’homme.
Selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), Nayib Bukele, régulièrement critiqué pour ses penchants autoritaires, a définitivement rompu avec l’État de droit. Un avis partagé par l’avocate Ruth Lopez Alfaro qui évoque le motif pour lequel le procureur général pourrait avoir été destitué : « L’année dernière, il avait reçu deux demandes d’enquêtes aujourd’hui en cours », précise l'avocate. Et d’après celle-ci, il est probable que la destitution du procureur ait été décidée justement pour empêcher l’aboutissement de ces enquêtes.
Ce licenciement a également suscité de vives critiques de la part du secrétaire d’État américain. Lors d’un entretien téléphonique avec le président salvadorien, Anthony Blinken a souligné l’importance d’un pouvoir judiciaire indépendant. Les mesures prises par le Parlement pourraient « porter atteinte aux relations du Salvador avec les États-Unis », estime Washington.
Élu en 2019 pour un mandat de cinq ans, M. Bukele contrôle donc avec ses alliés, depuis les élections parlementaires de février 2021, 61 des 84 sièges du Congrès unicaméral, une situation inédite depuis les accords de paix de 1992 qui ont mis fin à douze années de guerre civile au Salvador. Les penchants autoritaires du président Bukele - il était allé jusqu'à faire irruption voici un an au Parlement en compagnie de policiers et militaires armés jusqu'aux dents pour faire pression sur les députés - lui valent des critiques véhémentes de ses opposants, écrit l'AFP.
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