Avec notre correspondante en à Buenos Aires, Aude Villiers-Moriamé
Des écoles transformées en centres d’isolement insalubres, où des personnes sont retenues contre leur gré durant plusieurs semaines. C’est ce que dénoncent des habitants de Formosa, province du nord du pays qui ne recense que dix décès du coronavirus depuis le début de la pandémie
Paola García Rey est directrice adjointe de Amnesty International en Argentine. « Toute personne, qu'elle ait été testée positive au Covid-19 ou qu'elle soit seulement cas contact, est placée en isolement obligatoire, et ces personnes sont mélangées. Elles n’ont pas accès à des espaces à l’air libre, elles mangent dans les mêmes endroits », décrit-elle.
Luis Naidenoff est sénateur de la province de Formosa, membre de l’opposition au gouvernement local. En réaction au scandale, il a notamment sollicité l’intervention de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et de Michelle Bachelet, la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme : « Le défi de la pandémie a toujours été de concilier la liberté, la santé et l’économie. Mais la pandémie montre aussi le pire visage des gouvernements autoritaires, et c’est ce qui se passe dans la province de Formosa. »
Face à la polémique grandissante en Argentine, les autorités de Formosa assurent respecter les droits humains ainsi que les protocoles sanitaires. Elles ont invité le secrétaire d’État aux droits de l’homme, Horacio Pietragalla Corti, à visiter la province ce mercredi.
À la veille de cette visite, le plus grand des centres d'isolement a été partiellement évacué.