Avec notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas
Mamadou Konaté est Ivoirien et il a fui son pays. Au printemps, il est tombé malade en nettoyant les chambres d’Epadh où les résidents mouraient du Covid-19. Il est ce que les Québécois ont appelé un « ange gardien », tous ces demandeurs d'asile qui ont participé aux soins de santé dans le pays pendant la pandémie. Quelques mois plus tard, le jeune homme risque l'expulsion car sa demande d’asile a été rejetée. Et il ne peut pas bénéficier du programme de régularisation du Québec, réservé au personnel soignant. Un refus qu’il ne comprend pas, lui qui venait en aide aux infirmières. « Souvent l’infirmière, quand le malade tombe, elle t’appelle. Si on est capable de prendre tous ces risques-là pour ce pays, on a notre place ici », estime-t-il.
Près de 2 000 personnes ont signé une pétition pour que le jeune homme puisse rester au Québec. Comme lui, des milliers de demandeurs d’asile ont contribué au système de santé et aux magasins d’alimentation pendant la première vague de coronavirus. Sans pour autant bénéficier du programme de régularisation de leur statut. Une incohérence aux yeux de la député indépendante Catherine Fournier. « Il n’y pas une semaine sans que le Premier ministre fasse un appel en disant qu’il a besoin de gens, souligne-t-elle. Ils contribuent à notre société et on en a besoin. »
Les députés d’opposition espèrent que le gouvernement du Québec élargira les dispositions de ce programme alors que les expulsions de demandeurs d’asile dont la demande a été rejetée reprennent, à l’exception de quatorze pays.