Pérou: après la répression, le nouveau président annonce une réforme de la police

Après la violente répression des manifestations ces dernières semaines, condamnée par plusieurs organismes internationaux de défense des droits de l’homme, le nouveau président péruvien Francisco Sagasti a annoncé, lundi 23 novembre, des changements au sein de la police nationale.

Avec notre correspondante à Lima, Wyloën Munhoz-Boillot 

Lors d’une allocution à la télévision lundi soir, le président péruvien par intérim Francisco Sagasti a nommé un nouveau chef à la tête de la police nationale. « J’ai pris la décision de nommer le général César Augusto Cervantes, nouveau commandant de la police nationale du Pérou », a-t-il déclaré.

Deux morts et une centaine de blessés

Par ailleurs, quinze généraux de la police ont été mis à la retraite, dont le général Jorge Lam qui a mené les opérations de répression contre les manifestants lors de la mobilisation pacifique de la mi-novembre. Mobilisation qui s’est soldée par la mort de deux manifestants et une centaine de blessés, dont 63 ont dû être hospitalisés. En cause, l’usage excessif de gaz lacrymogène et l’utilisation de fusils tirant des plombs de chasse et des billes de verre, pourtant interdits, contre les manifestants.

Dans son allocution, le président Sagasti a réitéré ses condoléances aux familles des victimes et annoncé sa volonté de réformer la police en profondeur. « J’ai décidé de créer une commission dont la mission sera de recommander des actions sous 60 jours pour moderniser et renforcer la police nationale afin de défendre les droits des citoyens, l’ordre interne et la sécurité publique », a-t-il promis.

Enquête ouverte contre des membres de l'ex-équipe dirigeante

Ces annonces interviennent alors que le chef de la mission des Nations unies (ONU) envoyé à Lima pour évaluer la situation a exprimé son inquiétude face au refus de la police de reconnaître des violations des droits de l'homme lors des manifestations. Depuis plusieurs jours, les familles des deux jeunes tués lors de la marche nationale du 14 novembre dénoncent des intimidations de la part d’agents de police, alors qu’une enquête est en cours pour déterminer les responsabilités. En réponse, le chef de l’État s’est également engagé à renforcer leur protection. 

La semaine dernière, en raison de la violente répression policière, le procureur général de la République, Zoraida Avalos, a ouvert une enquête contre l’ex-président Manuel Merino, l'ex-Premier ministre Antero Flores-Aráoz et l'ex-ministre de l'Intérieur Gastón Rodríguez pour homicide volontaire et abus d'autorité.

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