Avec notre correspondante à Lima, Wyloën Munhoz-Boillot
Des centaines de milliers de Péruviens se sont rassemblés jeudi aux quatre coins du pays pour exiger le départ de Manuel Merino, le président péruvien par intérim. Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés place San Martin, dans le centre historique, de Lima, la capitale. Cette jeune femme l’accuse d’être à l’origine d’un coup d’État. « Manuel Merino et sa clique ont destitué le président pour prendre le pouvoir et servir leurs propres intérêts. Cette destitution n’est pas une décision du peuple, c’est une décision autoritaire ! », s’insurge-t-elle.
Président populaire
Moins de deux mois après une première tentative, le Parlement péruvien a voté lundi la destitution du populaire chef de l'État, pour « incapacité morale », sur fond d'accusation de pots-de-vins présumés qu'il aurait reçus en tant que gouverneur en 2014. Des accusations qu'il nie.
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Les étudiants sont particulièrement mobilisés, car le nouveau président et son gouvernement veulent s’attaquer à l’université. Comme l’explique Roberto, 18 ans. « Ils veulent supprimer l’instance qui garantit la qualité de l’enseignement supérieur, car certains membres du nouveau gouvernement sont propriétaires d’universités privées à qui on a retiré la licence », explique-t-il.
Malgré la pandémie, les plus âgés eux aussi se sont mobilisés. Une mobilisation historique selon ce retraité venu manifester avec sa compagne. « On n’avait pas vu une telle mobilisation depuis 20 ans, assure Javier. Les gens sont en colère et on va continuer à manifester jusqu’à ce que Merino quitte le pouvoir. »
Répression
Signe de leur détermination, à plusieurs reprises, les manifestants ont repris ce slogan des révoltes latino-américaines : « Le peuple unit jamais ne sera vaincu. »
Dans la soirée, la manifestation, pourtant pacifique, a été violemment réprimée par les forces de l’ordre, obligeant les manifestants à se disperser.
Le bureau Amérique du sud du Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme a demandé aux autorités de garantir le droits des Péruviens à manifester, indiquant avoir reçu des « informations inquiétantes » sur le comportement de la police lors des manifestations. La Commission intéraméricaine des droits de l'homme (CIDH) a exprimé jeudi sur Twitter sa « préoccupation face à l'utilisation excessive de la force. »