Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Les avis que la Cour des comptes aura à rendre sur la gestion des finances publiques ne seront plus contraignants mais seulement consultatifs. Tel en a décidé le président avec ce décret, rendu public seulement samedi soir alors qu’il avait été signé par Jovenel Moïse et ses ministres en date du 9 septembre.
Pourquoi a-t-il fallu deux mois pour que le document soit publié au journal officiel, cela n’est pas expliqué mais la portée du décret, elle, est limpide : les juges de la Cour se voient retirer tout pouvoir quant à l’analyse des dépenses publiques car, par ailleurs, leurs avis, non coercitif donc, devront désormais nécessairement être rendus sous un délai de trois à cinq jours ouvrables.
Le pouvoir exécutif justifie cette décision en considérant que toute « lenteur injustifiée dans la passation des contrats (…) est préjudiciable au développement socio-économique du pays ».
Mais les militants de la société civile considèrent eux que ce musèlement de la cour des comptes est un nouveau coup porté à la lutte contre la corruption. Déjà que le Parlement n’est plus fonctionnel depuis janvier, l’affaiblissement de cette institution judiciaire renforce encore davantage le pouvoir exécutif.