À la Une: Kamala Harris candidate à la vice-présidence de Joe Biden

Le mot qui revient peut-être le plus souvent dans les titres ce matin, c’est « historique ». « Kamala Harris a été la première procureure noire de San Francisco à occuper le poste de procureure générale de Californie et la deuxième femme noire à être élue au sénat américain. Et maintenant elle est la première femme noire à être désignée en tant que candidate pour la vice-présidence des Etats-Unis », rappelle le Los Angeles Times qui estime que « Kamala Harris a pourtant beaucoup plus à offrir que d’être un simple symbole ».

Tout d’abord, explique le Washington Post, elle « remplit le plus important des critères » : « A 78 ans, Joe Biden serait de loin, en cas de victoire, le président le plus âgé jamais investi à la présidence. La réalité démographique dictait donc aux démocrates le choix d’une candidate à la vice-présidence capable, de par son expérience, de le remplacer. Et Madame Harris est cette personne ».

« Et comme il est plus que probable que Joe Biden ne briguera pas un second mandat, Kamala Harris est d’ores et déjà la candidate démocrate toute trouvée pour la présidentielle de 2024 », souligne de son côté le Boston Globe.

« Le choix de Kamala Harris démontre aussi que les critères de genre et de couleur de peau l’emportent aujourd’hui sur les considérations de géographie électorale », constate le New York Times : « En désignant la sénatrice de Californie, un Etat que les démocrates ont remporté à chaque présidentielle depuis 1992, Joe Biden a embrassé les impératifs modernes pour la construction d’une large coalition au sein du camp démocrate », écrit le journal. « L’époque où les co-listiers devraient impérativement aider le candidat à la présidence à remporter leur Etat d’origine devient ainsi une relique du passé ».

Mais justement est-ce que Kamala Harris, connue pour ses positionnements plutôt centristes, pourra séduire le camp progressiste plus à gauche, en somme ces sympathisants qui s’étaient enthousiasmés pour la candidature de Bernie Sanders ?

La réponse du Wall Street Journal  à cette question est non : « Kamala Harris ne satisfera pas les progressistes. En choisissant cette sénatrice comme vice-présidente, Joe Biden envoie un message clair à l’aile gauche du Parti démocrate, à savoir : vous êtes morts  », estime le quotidien économique. Et il prévient : « Ce choix indique que l’establishment du parti considère toujours la défaite d’Hillary Clinton en 2016 comme une anomalie de l’histoire et non comme la preuve d’une stratégie erronée face à l’évolution réelle de l’identité politique de ses électeurs ».

Le Sacramentoo Bee souligne également que Kamala Harris est une « personnalité qui divise » : « Celle qui s’était qualifiée elle-même de "meiilleur flic de Californie" avait aussi été vivement critiquée notamment par les membres de la communauté noire », rappelle le quotidien local. « Quand elle occupait les postes de procureure de San Francisco et de procureure générale de Californie, Kamala Harris avait la réputation d’attendre plutôt que d’agir et de n'aborder des dossiers controversés qu’une fois certaine qu’ils étaient politiquement viables ». Le Sacramentoo Bee se souvient de ses hésitations en 2015, quand l’Assemblée de Californie avait proposé des enquêtes indépendantes pour tout incident meurtrier impliquant la police. Ou encore de son opposition en 2010 à la légalisation de la marijuana, alors qu’elle dit aujourd’hui la soutenir.

Des contradictions dont le San Francisco Chronicle ne prend pas ombrage. Le journal estime au contraire que Kamala Harris « a démontré tout au long de sa carrière qu’elle n’est pas une idéologue et qu’elle sait choisir ses batailles ».

Le Dallas Morning News croit comprendre que la désignation de cette démocrate modérée ne vise pas à plaire aux progressistes mais à séduire les fameux « swing voters », ceux qui votent parfois démocrate, parfois républicain.

Certains éditorialistes pensent cette stratégie perdue d’avance. A l’instar du très conservateur Washington Examiner qui écrit : « 33% des électeurs indépendants disent rejeter Kamala Harris, contre 25% d’opinions favorables ». Son éditorialiste tente d’ailleurs de diaboliser la candidate à la vice-présidence : « Les propriétaires d'armes à feu, les anti-avortement, les militants pour l’école à la maison et les fidèles des religions traditionnelles - tous pourront craindre d’être persécutés dans une administration dominée par Kamala Harris », écrit le Washington Examiner avant de conclure : « Joe Biden continuera probablement à parler de la réunification d'un pays divisé par la présidence de Donald Trump. Mais à partir d'aujourd'hui, personne ne devrait y croire ».

Hier, Donald Trump s’en est pris immédiatement à Kamala Harris, en la qualifiant de phony Kamala, ce que l’on pourrait traduire par « Kamala bidon ». « Et pourtant il sera très difficile po  sexistes », prédit le Chicago Tribune. « Parce que contrairement à ce que veut faire croire le camp conservateur, Kamala Harris est tout sauf une gauchiste radicale. Et elle donnera à Joe Biden ce dont Donald Trump a le plus besoin : de l’attention. Pour un président qui passe le plus clair de son temps à regarder la télévision ou à tweeter sur des choses qu'il a vues à la télévision, la très télégénique Harris sera trop dur à supporter », prédit le journal. « Puis le président regardera son propre vice-président et verra un homme aussi électrisant qu'une cuillerée de mayonnaise  », ironise l’éditorialiste avant de conclure : « Vous pouvez parier votre adhésion à Mar-a-Lago (le golfe de Donald Trump en Floride, ndlr.) : quand viendra la prochaine série de sondages pas terrible, Donald Trump commencera à voir la personnalité de Mike Pence comme un handicap ».

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