Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
« Nou vle viv » Nous voulons vivre en créole. Telle est la revendication affichée sur les t-shirts et les pancartes lors de la manifestation réunis devant le ministère de la justice à Port-au-Prince, car comme le déplorent les jeunes militants comme Pascale Solages, l’espérance de vie en Haïti est, selon eux, de 24 heures renouvelables : « Aujourd’hui en Haïti, on ne vit pas. On essaye de ne pas mourir ! C’est différent. Tous les jours quand on se lève, on essaye de ne pas mourir, s’indigne la jeune femme. On essaye de passer ces 24 heures pour pouvoir vivre le lendemain. »
Alors que le groupe était calme, sans aucun débordement, soudainement les grenades lacrymogènes pleuvent. Présente sur les lieux Marie Rosie Auguste Ducéna, du réseau national de défense des droits humains, dénonce une répression étatique : « Tous les jours, des personnes sont assassinées par balle ou par arme blanche dans les quartiers défavorisés en pleine rue ou dans leur résidence. Les autorités étatiques au lieu d’écouter justement la voix de la population qui demande un climat sécuritaire préfère montrer leur volonté d’établir un régime totalitaire sur le paix où la liberté d’expression n’a pas sa place. »
Cela fait deux lundis de suite que les mobilisations de citoyens exigeant justice et sécurité sont réprimées. Les appels pour obtenir des explications de la part de la police nationale d’Haïti restent pour l’heure sans réponse.