Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
Joe Biden a entamé sa prise de parole par les derniers mots prononcés par George Floyd alors qu'il agonisait sous le genou d'un policier blanc : « Je ne peux pas respirer, je ne peux pas respirer ». En employant ces mots devenus le cri de ralliement des manifestants américains, pour débuter son allocution, le candidat démocrate a voulu démontrer toute la force de son empathie.
Mais son discours a surtout sévèrement étrillé le président. « Donald Trump a fait de ce pays un champ de bataille rongé par de vieux ressentiments et de nouvelles craintes. Il préfère enflammer les passions de sa base que de s’occuper des besoins de la population dont il est censé s’occuper », a-t-il lancé avant d’ajouter : « Le président doit contribuer à résoudre les problèmes de la nation, pas les aggraver ».
Le ton de Joe Biden tranchait ainsi singulièrement avec celui de Donald Trump qui, la veille, parlait de terrorisme pour qualifier les émeutes. Le locataire de la Maison Blanche a menacé de mobiliser des milliers de soldats lourdement armés pour mettre fin aux pillages qui ont émaillé certains rassemblements.
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Le candidat démocrate a insisté sur les lourdes responsabilités qu’impliquait la charge du pays. Il a reconnu la réalité de la fracture raciale qui affecte les Etats-Unis, a évoqué un racisme institutionnel et a promis de chercher à panser ces plaies plutôt que de les creuser. À cinq mois de l’élection présidentielle, et pour sa première sortie hors de son État du Delaware depuis plus de deux mois, Joe Biden a donné le ton de sa campagne : celui d’un candidat conscient des difficultés qui l’attendent, et qui cherche à pacifier un pays gangrené par ses divisions.