De notre correspondante à Santiago,
« Combien de portions ? C'est pour trois personnes. » Dans ce quartier d'El-Bosque, l'une des communes les plus pauvres du grand Santiago, une très grande casserole de ragoût de bœuf et de légumes mijote dans la cour d'une maison.
Gonzalo, la quarantaine, est venu chercher à manger pour lui et sa famille. Il a perdu son emploi de soudeur il y a un mois, à cause des mesures de confinement. « Le secteur de la construction est à l'arrêt partout ici, je ne peux pas faire grand-chose à ce stade, confie-t-il. Alors cette initiative est d'une grande aide ! »
Le gouvernement a voté plusieurs aides d'urgence depuis le début de l'épidémie, mais Gonzalo n'a encore rien reçu. Alors ici beaucoup comprennent que des habitants de la commune aient manifesté la semaine dernière faute de pouvoir manger à leur faim.
« Depuis que le confinement a commencé dans certaines communes, la lutte contre la faim a commencé et pour aider le peuple nous organisons des soupes populaires dans plusieurs communes. C'est très triste de voir que les gens doivent batailler pour garder leur dignité », raconte Stephanie Ortiz, 26 ans, l'une des organisatrices de cette soupe populaire.
Ces derniers jours, la police a fait évacuer plusieurs soupes populaires à Santiago, à cause de l'interdiction des rassemblements de rue.
A El-Bosque, les voisins utilisent des masques et des gants pour préparer à manger. Et ils se lavent régulièrement les mains, pour tenter de limiter au maximum les risques de contagion.