avec notre correspondante à Mexico, Alix Hardy
Pas d’applaudissement, mais des agressions. C’est le lot des soignants au Mexique ces dernières semaines.
Gael est infirmier dans un hôpital en banlieue de Mexico. Pour échapper aux injures, il a cessé de porter son uniforme dans la rue. « Il y a même des gens qui nous ont agressés dans l’enceinte de l’hôpital, en nous lançant des projectiles. Une collègue a eu la vitre de sa voiture brisée par une pierre, et un pneu crevé. C’est pour ça qu’on a des militaires devant l’hôpital maintenant. On doit à la fois combattre ces personnes mal informées, et en même temps le virus. »
Un combat contre la pandémie qui s’annonce difficile, car au Mexique, les hôpitaux manquent de tout, dénoncent les soignants depuis des semaines. En conséquence, officiellement, 1500 travailleurs de la santé ont déjà été infectés dans un pays qui souffre d’un manque critique de personnel médical.
« Les autorités auront beau répéter à la télévision que le pays est prêt pour affronter la pandémie, c’est faux, insiste Gael. On a dû acheter notre propre équipement de protection, par peur de se faire infecter. Alors on a créé un groupe whatsapp, et on se dit par exemple : ‘Au coin de ma rue il y a une quincaillerie qui a 40 masques, qui en veut?’ ; on a créé notre propre réseau de soutien. Car dans cette situation, on se sent abandonnés par l’Etat. »
Ces derniers jours, Gaël et deux de ses collègues ont développé les symptômes du virus : fièvre, perte de goût, de l’odorat... Mais l’hôpital n’a même pas de tests à leur fournir pour vérifier. Alors, ils se cloîtrent chez eux. Invisibles, jusque dans les statistiques.
Le Mexique enregistre actuellement 16752 cas de contamination et 1.569 décès selon des chiffres officiels.