Avec notre correspondante à New York, Carrie Nooten
L’image est saisissante : une première longue tranchée est fraîchement creusée, et on y voit des hommes en combinaisons blanches y entasser des cercueils de pin gravés d’un nom, sur deux rangées et trois étages, puis les recouvrir de terre à nouveau.
Le drone qui capture la scène n’est qu’à quelques kilomètres du centre de Manhattan, il survole Hart Island, à l’est du Bronx. L’île est réputée pour abriter le cimetière des indigents de la mégalopole depuis 150 ans. Elle est aussi prévue pour recevoir les victimes de pandémie de grippe, dans le plan d’urgence de la ville créé il y a dix ans.
25 corps enterrés par jour
On n’y accède qu’en bateau. Ainsi, il y a deux jours, une première barge transportant une remorque frigorifique a débarqué sur l’île. La ville a embauché des travailleurs pour creuser la tranchée avec des pelleteuses. D’habitude, 25 corps sont enterrés par semaine, par des prisonniers de la prison Rikers voisine : des New-Yorkais dont les corps n’ont pas été réclamés par leurs proches ou des prisonniers.
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Ces jours-ci, c’est 25 corps qui y sont enterrés par jour, cinq jours sur sept. La ville n’a pas précisé s’il s’agissait uniquement de victimes du Covid-19. Une chose est sûre, ils ont été envoyés là pour désengorger les morgues de la ville, qui reçoivent deux fois plus de dépouilles qu’en temps normal. Les familles qui le désirent devraient pouvoir réclamer les cercueils de leurs proches sous 15 jours pour organiser des enterrements privés.