Au cœur du quartier historique de la Nouvelle-Orléans, ville particulièrement touchée, les rues sont désertes. Depuis le 20 mars, les commerces sont fermés, les touristes ont disparu et les habitants restent chez eux. Et pourtant, la mortalité due au virus est particulièrement élevée ici.
« On a beaucoup de population pauvre, et qui dit pauvreté dit problèmes de santé, obésité, diabète... des conditions dont on sait qu’elles sont associées avec une plus forte mortalité », nous explique Julie Hernandez, professeur à l'école de santé publique à l'Université de Tulane, jointe par Stefanie Schuler.
« On attaque les semaines les plus dures »
C'est la raison pour laquelle les autorités de la ville sont en train de transformer le centre des congrès ainsi que l'un des grands hôtels de la ville en hôpitaux de campagne. « Il y a 70 patients qui doivent arriver au Centre des congrès aujourd’hui. Il est probable que les patients de Louisiane seront acheminés vers la Nouvelle-Orléans pour des raisons de centralisation des systèmes de soins et de la logistique », poursuit Julie Hernandez.
« On tournera autour de 9000 lits, en dehors du système hospitalier régulier de la ville. Pour la Nouvelle-Orléans, on attaque les semaines les plus dures et voir le Centre des congrès transformé en hôpital de fortune 15 ans après, c’est difficile. »
En août 2005 des milliers d'habitants défavorisés de la Nouvelle-Orléans s'étaient réfugiés dans ce même centre des congrès après le passage de l'ouragan dévastateur Katrina.
Comment expliquer la hausse du nombre de cas en Louisiane ?
Le démocrate John Bel Edwards, le gouverneur démocrate de la Louisiane a mis en place très tôt des programmes de dépistage. « Et premier principe de la surveillance, c’est que si on ne cherche pas, on ne trouve pas, rappelle Julie Hernandez. Et nous, on a cherché de bonne heure, donc effectivement, on a trouvé plus de cas plus rapidement que des endroits où il n’y a pas encore eu de dépistages massifs ».
Pour ce professeur à l'école de santé publique à l'Université de Tulane, l’évolution du nombre de cas n’a de sens que si l’on peut mesurer la progression de manière assez régulière. « Si vous regardez par exemple les chiffes de Louisiane à l’heure actuelle, on a eu un saut monstrueux il y a quelques jours, qui n’est pas dû à une apparition de nouveaux cas, qui est due au fait qu’il y avait un engorgement au niveau du laboratoire qui procède aux tests. Une fois que tous ces tests ont été analysés, le nombre de cas positifs, parce qu’on a mesuré beaucoup plus d’un coup, a sauté d’un coup. »
Aux États-Unis, il y a un enchevêtrement du public, du privé, de l’État et de la ville conclut Julie Hernandez: « Ce qui fait qu’on a du mal à avoir une réelle clarté. Comme on a un manque total de leadership au sommet, cela ne facilite pas la compréhension des chiffres que l’on voit. »
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