De notre correspondante à New York,
Cheyenne, une Afro-américaine de 39 ans, est sans domicile fixe depuis janvier, après avoir perdu son emploi d’assistante juridique, et son appartement. Refusant le centre d’hébergement, où elle ne se sent pas en sécurité, elle a jonglé entre somnoler dehors, assise sur un tabouret pliant, et un « camouflage urbain ». Jusqu’à la fermeture des commerces et des lieux de culte le 20 mars pour freiner la progression de l’épidémie.
« Avant ça, je me rendais à l’église chaque jour… je pouvais rester à l’intérieur d’un magasin. Et la plupart qui étaient ouverts 24h/24 ne le sont plus. Je ne peux plus utiliser les toilettes ! Ça, c’est vraiment difficile. Les gens qui urinent dans la rue créent plus de danger sanitaire qu’avoir des toilettes un peu sales », raconte-t-elle.
Jusqu’ici, la générosité des passants suffisait à Cheyenne, mais avec l’isolement, elle est fortement diminuée. De nombreuses soupes populaires ont fermé aussi, alors depuis vendredi, la ville qui fournit quotidiennement trois repas aux enfants de familles en difficultés a étendu la distribution à n’importe quel adulte.
450 000 New-Yorkais ayant déjà perdu leur emploi, les autorités estiment que 40% des locataires de New York ne pourront pas payer leurs loyers à partir d’avril, et craignent que cela fasse grossir les rangs des SDF d’ici quelques mois.