Mexique: les ONG privées d’accès aux centres de détention de migrants

L'institut migratoire du Mexique a annoncé mardi que les ONG sont désormais privées d’accès aux centres où les migrants sont placés en captivité plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, le temps que les autorités statuent sur leur sort. C’est la première fois en dix ans qu’une telle interdiction est prononcée. Face à l’indignation internationale, le président mexicain a fait marche arrière mercredi. Mais sur place, les associations tirent la sonnette d’alarme, car dans les faits, ils trouvent déjà porte close depuis plusieurs semaines.

Avec notre correspondante à Mexico, Alix Hardy

Enrique Vidal fait partie de l’ONG Fray Matias de Cordoba, qui défend les droits des migrants dans le sud du Mexique. C’est l’une des seules à pouvoir pénétrer dans le centre Siglo XXI. Avec 900 places, ce centre de détention migratoire est le plus grand du pays.

« Nous y avons constaté des violations des droits de l’homme comme par exemple de la torture, des violences sexuelles, du harcèlement, du racisme, des violations des droits des enfants, des fausses couches provoquées par les conditions de détention, raconte-t-il. Tout ça rien qu’en 2019. »

L’an dernier, le Mexique a militarisé sa frontière sud pour barrer le passage aux migrants. Résultat : les centres de détention, déjà critiqués pour leurs conditions d’accueil, sont en surcharge permanente. Depuis fin décembre, impossible à l’ONG d’y mettre un pied, les autorités refusent de renouveler son permis de visite.

« Nous voyons ce refus comme une volonté de dissimuler ce qui se passe dans ces centres et de préserver l’impunité, poursuit Enrique Vidal. Il y a une tentative de la part du gouvernement de faire taire les voix critiques, surtout en matière de migration. Je rappelle qu’on est dans un contexte de détentions et d’expulsions massives de la part du gouvernement mexicain ! »

Des expulsions qui inquiètent les ONG : en janvier, 2000 personnes arrivées à la frontière sud du Mexique ont été renvoyées dans leur pays d’origine sans même avoir eu la possibilité de demander l’asile.

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