Il n’y avait plus de suspense depuis le 13 décembre. La télévision publique avait déjà annoncé une large victoire du Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président Alassane Ouattara. Une victoire confirmée donc avec 127 sièges sur les 255 que compte l’Assemblée nationale.
Le taux de participation a atteint 36,56%. C’est moins de la moitié de celui de la présidentielle l’année dernière (80%). Mais c’est quelques points de plus que lors des dernières législatives en 2000.
Avec le boycott de l’une des trois principales formations politiques du pays, le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo, la compétition s’est transformée en un duel entre des alliés, le RDR et le PDCI, Parti démocratique de Côte d'Ivoire, de l’ancien président Henri Konan Bédié.
La troisième place lors de ces législatives est revenue aux Indépendants. Sur le papier, ils se sont adjugés 35 sièges.
Les 15 sièges restants se partagent entre quatre formations politiques. Toutes ont soutenu la dernière ligne droite d’Alassane Ouattara lors de la conquête du pouvoir.
Un Parlement presque monocolore
Parmi les 35 députés nouvellement élus sous l’étiquette d’Indépendants, certains sont issus du Rassemblement des républicains (RDR) et d’autres du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l’ancien président Konan Bédié qui n’avaient pas été présentés par leur parti respectif et qui se sont donc lancés dans la course à titre individuel.
Le RDR est prêt à accueillir dans son propre groupe ceux des siens qui ont gagné après les avoir fustigés pour non respect de la discipline du parti. Le secrétaire général en intérim du RDR, Amadou Soumahoro, a affirmé à RFI hier qu’il allait discuter avec ceux qui obtiendront leur macaron.
Le Congrès national de la résistance pour la démocratie, (CNRD) dont le parti de l'ex-président Laurent Gbagbo [FPI, NDLR] aura peut-être un ou deux élus. Des partis récemment créés comme Lider (Liberté pour la démocratie et pour la République) de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, n’a aucun élu. Mamadou Koulibaly lui-même, qui avait claqué la porte du FPI peu après la fin de la crise post-électorale, a perdu dans sa circonscription de Port-Bouet l’une des communes de la capitale économique ivoirienne Abidjan.
Avec 77 sièges, l’ancien parti unique [Parti démocratique de Côte d'Ivoire, NDLR] a été largement devancé par la formation née de la scission des années 1990. Une défaite amère pour la base du PDCI. Cette dernière gronde accusant le Rassemblement des républicains d'Alassane Ouattara d’avoir tout organisé pour s’assurer l’hégémonie au Parlement.
Certains candidats battus dénoncent des irrégularités ou des fraudes orchestrées par leurs concurrents du RDR, notamment le vote de personnes décédées. Ils accusent aussi les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), issues de l’ex rébellion des Forces nouvelles, d’avoir intimidé les électeurs dans certains bureaux de vote lors du scrutin.
Des recours à l’annulation vont être déposés au Conseil constitutionnel. Il s'agit des réactions de la base. La direction du PDCI se refuse pour l’instant à tout commentaire et joue à l’apaisement.
Le délai pour les recours au Conseil constitutionnel est fixé à mardi prochain.