De notre correspondant à Johannesburg, Noé Hochet-Bodin
Des habitats minuscules, parfois à plusieurs familles dans quelques mètres carrés tout au plus. Le confinement, quasiment mission impossible dans les townships donc. Cela fait craindre le pire à Sue Goldstein, docteur en santé publique de l’Université de Wits. « Je ne peux pas même imaginer le fait de se confiner pendant 21 jours dans ces conditions. Nous sommes très inquiets. Ce premier cas positif dans un township est vraiment alarmant. Ça va se répandre comme une trainée de poudre. »
Même son de cloche chez l’activiste Ntuthuzelo Vika, qui habite Khayelitsha le grand township du Cap où un premier cas de coronavirus a été détecté. « Nous avons besoin d’aller chercher de la nourriture, de l’eau. C’est très compliqué de juste rester à la maison toute la journée. Et pourtant les gens que je connais sont conscients du virus, ils savent que c’est dangereux. Mais en même temps c’est dur de l’éviter. »
La police et l’armée sévissent
Beaucoup d’habitants des townships ont été vu dans les rues ces derniers jours. Et ce malgré la quarantaine imposée par le gouvernement et les patrouilles de l’armée. L’explication est avant tout économique selon le chercheur Mark Weston. « Si vous êtes en quarantaine vous ne pouvez pas travailler, mais ces gens doivent travailler pour pouvoir manger. Ils doivent gagner de l’argent par n’importe quel moyen pour survivre, et pas de seulement survivre au coronavirus ».
La police et l’armée continuent d’exercer une pression sur les habitants. Au moins deux personnes ont été tués lors d’opérations du maintien du confinement.