Rapatriés de force au Rwanda, les proches des ex-rebelles se sentent perdus

Femmes et enfants ont été rapatriés de force dans le sillage des quelque 300 combattants rwandais capturés en décembre par l’armée congolaise dans l’est de la RDC et transférés aux autorités rwandaises. Alors que les lignes entre civils et rebelles sont floues, beaucoup de familles prises en charge à Nyarushishi ne comprennent pas bien leur situation.

Alphonsine Habanashaka pointe avec colère son t-shirt portant le logo de la commission démobilisation et réintégration du Rwanda. « Moi je suis une civile. Je n’ai jamais porté les armes. Je ne veux pas mettre ce t-shirt comme si j’étais un soldat. »

Depuis plus de vingt ans, cette exilée rwandaise vivait dans le Sud-Kivu. Sa fille avait récemment été enrôlée de force par les FDLR, et en décembre, sa communauté a été attaquée par l’armée congolaise.

« Je ne voulais pas rentrer de cette manière-là. Les familles ont été séparées. Et maintenant que nous sommes là, nous ne savons pas si nous sommes chez nous ou si nous sommes des prisonniers. Nous ne comprenons vraiment pas notre statut. »

Surpopulation et manque de nourriture 

Assise dans une chambre qu’elle partage avec trois familles, Fayina Kabatesi se souvient avoir été attaquée par un groupe armé non identifié avant de fuir dans la forêt congolaise. Là un de ses enfants est tombé malade, il est mort de la rougeole en arrivant à Nyarushishi.

« À cause de la surpopulation dans le camp, la santé de nos enfants continue de se détériorer, car la nourriture n’est pas suffisante. En ce moment, j’ai un autre de mes enfants à la clinique. Nous avons du mal à allaiter, car nous manquons de nutriments. »

Le camp a une capacité maximale de 700 personnes, mais il en accueille actuellement près de 1900, dont plus de 1300 enfants, qui apprennent aujourd’hui l’hymne national du Rwanda, un pays qu’ils n’ont jamais connu.

291 combattants rwandais du CNRD capturés lors des récents combats dans le territoire de Kalehe ont été rapatriés au Rwanda par l’armée congolaise lundi 16 décembre 2019. Le CNRD est une branche dissidente des FDLR, milice hutu hostile au gouvernement de Paul Kagame créée en RDC après le génocide des tutsis de 1994.

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