À la chambre criminelle du tribunal du Kef, dans le nord du pays, le vendredi est consacré à la justice transitionnelle. C’est la huitième audience du procès de Nabil Barakati, militant communiste et syndicaliste.
En 1987, il est arrêté sous le régime d’Habib Bourguiba pour avoir distribué des tracts politiques puis torturé par la police et retrouvé mort d’une balle dans la tête sur les rails d’un train.
Ridha son frère, se souvient. « Y’a des choses très douloureuses que je n’oublierai jamais, qui m’ont marquée pour la vie. Les lueurs de l’aurore quand j’ai cherché mon frère. Y’a son visage quand je l’ai découvert. Y’a beaucoup de choses, il y a le courage de ma mère surtout. »
À l’époque, sa mort provoque des émeutes dans sa ville natale et Bourguiba fait juger les policiers coupables qui seront condamnés à cinq de prison pour abus de pouvoir, mais pas pour torture. Aujourd’hui, Ridha demande la vérité pour pouvoir se réconcilier avec le passé.
« Je veux une réconciliation et je veux le bien pour mon pays, pour mon peuple, mais eux ils refusent. Je n’ai pas entendu de pardon. Y’a deux accusés qui viennent généralement, mais qui n’ont pas voulu dire la vérité. »
Si le processus de la justice transitionnelle a été parfois controversé en Tunisie et peu soutenu politiquement, les procès continuent et témoignent d’une histoire oubliée, qui encore aujourd’hui reste peu médiatisée.