« Un harcèlement politique », « une volonté d’écarter un adversaire », « une utilisation de la justice à des fins politiques »… Le Cojep ne manque pas de qualificatifs pour dénoncer la décision la veille du procureur général de la cour d’appel d’Abidjan de poursuivre Charles Blé Goudé pour « crimes contre des populations civiles » et « crimes contre des prisonniers de guerre ». Des infractions respectivement appelées désormais « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » depuis la récente réforme du Code pénal ivoirien.
Pour le Cojep, la variation de la justice ivoirienne, qui a choisi en 2014 de transférer à La Haye l’ex-leader des Jeunes patriotes, s’explique par l’acquittement de ce dernier en première instance par la CPI en janvier dernier. Le secrétaire général du Cojep, Dr Patrice Saraka : « La sous-traitance du dossier Charles Blé Goudé ayant échoué à la Cour pénale internationale, le pouvoir ivoirien tente d'utiliser à nouveau l'appareil judiciaire pour faire aboutir son programme, son propre agenda politique. Charles Blé Goudé n'est pas poursuivi pour ce qu'il a fait, mais pour ce qu'il est. Nous pensons que Charles Blé Goudé est vu comme un adversaire redoutable. »
Le gouvernement a réaffirmé cette semaine que l’État n’interférait pas dans les procédures judiciaires, alors que doit se tenir la présidentielle dans un an. S’il n’a pas officiellement annoncé sa candidature, Charles Blé Goudé répète à l’envi qu’il compte bien jouer sa partition sur la scène politique ivoirienne.