Le Soudan est entré, fin septembre, dans une période de transition, après la destitution, par l'armée, d'Omar el-Béchir, le 11 avril, sous la pression populaire. Neemat Abdallah Mohamed Khair a été nommée à la tête de la Cour suprême sur décision des onze membres du Conseil souverain qui ont également nommé Taj al-Sir Ali, procureur général du Soudan.
Selon Zainab Mahmoud, ancienne diplomate et défenseure des droits de l'homme, les défis qui l'attendent sont énormes.
« Elle est devant un double défi. Il y a d'abord la société dans laquelle certains n'acceptent pas encore qu'une femme puisse occuper ce genre de fonction à la tête du système judiciaire, mais nous serons tous derrière elle – nous, les hommes et les femmes révolutionnaires - pour la soutenir et aller dans la direction du changement souhaité, même si les obstacles sont nombreux et plus encore que ce que l'on peut imaginer », a-t-elle souligné.
« Le système judiciaire soudanais d'el-Béchir est complètement pourri. L'ancien régime a tué la justice. Il y a aussi les difficultés qui viennent de l'État profond, les mentalités figées de certains hommes religieux et même les préjugés des personnes plus simples qui n'arrivent pas à accepter qu'une femme occupe un tel poste. S'ajoute à tout cela, le besoin de réformer entièrement le système judiciaire, de former des juges. Ceci est un autre problème », a ajouté Zainab Mahmoud.
« Une très bonne nouvelle »
Le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, souhaite pousser le Soudan vers l'égalité femmes-hommes. Pour Raphaëlle Chevrillon-Guibert, chercheure à l'Institut de recherche et de développement (IRD), ce changement marque un point pour la société civile.