En colère contre la «stigmatisation», les agriculteurs français allument les feux

Quelques centaines d'agriculteurs ont procédé lundi soir à des actions feux de la colère, incendiant palettes, bottes de paille et souches, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs. Ils veulent ainsi exprimer le « malaise » du monde agricole.

« Le monde agricole est stigmatisé au quotidien » et dernièrement, le projet de mise en place de zones de non-traitement (ZNT) destinées à protéger les populations contre les dangers potentiels des pesticides « a mis le feu aux poudres », a expliqué Damien Greffin, président du syndicat FDSEA d'Île-de-France par téléphone.

« On a appelé ça les feux de la colère, mais aussi les feux du désespoir, pour faire ressentir le malaise ambiant qu'il y a dans la campagne, et cet acharnement qu'on peut subir au quotidien », a de son côté déclaré Amandine Muret-Beguin, céréalière, secrétaire générale des Jeunes agriculteurs d'Île-de-France-Ouest.

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Alors, les agriculteurs ont décidé de passer à l'action. Plusieurs départements ont vu s'allumer ces « feux de la colère ». Des actions annoncées par un communiqué de la FDSEA de la région parisienne, le 16 septembre, et justifiées par « un dialogue devenu impossible, tant l’irrationalité des positions – arbitraires et sans fondements scientifiques – font des agriculteurs, des irresponsables et des coupables ».

En Île-de-France, des feux étaient allumés dans une demi-douzaine de lieux, dont deux dans le Val d'Oise, trois dans les Yvelines, et un dans l'Essonne, selon Amandine Muret-Béguin, sur chaque site, une bonne vingtaine d'adhérents devaient entretenir les feux une bonne partie de la nuit.

Dans d'autres régions, des opérations du même type ont été organisées: dans la Marne, dès 17h, deux manifestations ont eu lieu à Witry-les-Reims, sur la route menant à Charleville-Mézières, avec environ 70 personnes selon la FDSEA, et Sainte-Ménehould, avec une dizaine de personnes.

En Haute-Garonne, des petits groupes devaient également allumer des feux à partir de 21h dans des champs proches de trois ou quatre communes rurales autour de Toulouse, selon Xavier Dayde, secrétaire général adjoint de la FDSEA 31.

Dans le Pas-de-Calais, à Coquelles, à l' approche du tunnel sous la Manche, environ 70 agriculteurs locaux avaient allumé un feu en plein champ et positionné une vingtaine de tracteurs autour d'un rond-point, sans bloquer les accès, a constaté un correspondant de l'AFP.

Pour Amandine Muret-Béguin, l'affaire des pesticides est « la goutte d'eau. On se fait déjà pas mal attaquer quotidiennement sur nos pratiques, alors que le gouvernement admet qu'on a l'agriculture la plus durable au monde, donc c'est un non-sens », a indiqué Mme Muret-Beguin, aux abords de l'A13, dans le secteur de Mantes. « Je pense qu'il y a une méconnaissance du milieu agricole », a-t-elle déploré, invitant les gens à « venir discuter dans les fermes, avec les agriculteurs ».

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