Impossible à Madagascar d’établir une cartographie précise des religions telles qu’elles sont pratiquées dans le pays. La loi interdit en effet aux enquêtes d’interroger la population sur sa religion et son ethnie. Aussi, les statistiques avancées ça et là n’ont que peu de valeur.
En revanche, il est possible de donner quelques tendances. La présence des chrétiens est largement majoritaire sur l’île. Les religions catholiques et protestantes sont celles qui se partagent le plus grand nombre de fidèles.
Le catholicisme subit de plein fouet la concurrence des autres religions
La capitale est devenue au fil des années un haut lieu d’implantation du protestantisme (avec ses églises FJKM et FLM) ; les églises catholiques, elles sont largement et historiquement présentes en brousse.
Cependant, le pape François arrive dans un contexte où son église fait face à une grosse concurrence religieuse. « Le catholicisme est devenu le terrain de chasse privilégié des sectes » affirme Sylvain Urfer, missionnaire jésuite vivant sur l’île depuis plus de 40 ans. « Comme ce sont des institutions où le public est extrêmement mobile, poursuit-il, on n’a aucune idée de ce que représentent numériquement ces mouvances ».
Autre évolution, la montée de l’islam, financée essentiellement par les pays du Golfe et du Pakistan. « Ils achètent les gens » confiait il y a un an le cardinal Désiré Tzarahazana à nos confrères du site Aide à l’Eglise en Détresse. « On voit des jeunes partir étudier en Arabie Saoudite et lorsqu’ils reviennent à Madagascar, ils sont imams. […] voilà ce qui se passe à cause de la pauvreté ici. » concluait-il.
Réconforter ses fidèles et ses évêques, recréer une proximité tout en les bousculant un peu sur les fondements et la profondeur de leur foi : voilà sans doute la plus grosse mission de François à Madagascar, un pays où 75% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
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Les attentes des catholiques malgaches: témoignages
Dans le quartier d’Andohalo, la chapelle de la Bienheureuse Victoire Rasoamanarivo ne désemplit jamais.
Albertine, 59 ans, est venue prier dans ce lieu que le pape François visitera demain. « La venue du pape à Madagascar nous procure beaucoup de joie. C’est comme si le sauveur était venu. C’est ce que je ressens. Ce que j’attends, c’est qu’il amène avec lui la paix sous toutes ses formes parce que nous les Malgaches souffrons beaucoup », explique Albertine à RFI
Danièle, retraitée elle aussi rêve d’un pays plus stable. « C’est la deuxième fois qu’un Pape vient ici et j’espère que cette fois l’insécurité n’existera plus à Madagascar. J’ai vraiment envie de le voir et de toucher sa main si c’est possible. »
A quelques kilomètres de là, dans les villages d’Akamasoa fondés par le prêtre Argentin Pedro Opeka, les attentes sont nombreuses aussi. Le souverain pontife s’y rendra dimanche après-midi. Ravo est jardinière. « Je voudrais que la venue du Pape renforce ma foi et me donne l’énergie de travailler encore pour que je puisse avoir plus d’argent car je suis seule pour élever mes enfants. »
Marie, 48 ans, s’affaire avec d’autres couturières à confectionner des drapeaux à l’effigie du Vatican. « Ce que je souhaite c’est que le pape puisse dire aux dirigeants de regarder les pauvres parce que jusqu’à maintenant ils nous ont oubliés, nous les plus faibles. »
Le pape François rencontrera le président de la République et s’adressera aux dirigeants et à la société civile samedi matin.