Pour la Ligue congolaise de lutte contre la corruption, c'est une question de principe. Si le président Tshisekedi veut impulser un réel changement, il faut éviter de nommer ceux qui sont soupçonnés d'avoir mal géré l'argent public.
« Ça serait une honte s'il recourait encore aux personnes qui ont mal géré pour leur donner des responsabilités politiques. Ça serait vraiment un mauvais signal envoyé à la population, aux partenaires. Ça nuirait même au gouvernement de Tschisekedi », estime Ernest Mparoro, président de la Licoco.
Sur les 13 dossiers cités - parmi lesquels le soutien à la campagne agricole 2012-2014, l'achat de locomotives pour la société nationale de chemin de fer, de machines à voter par la Céni, le projet de fibre optique ou la construction de stades municipaux -, il n'y a jamais eu de poursuites judiciaires. Ces projets de plusieurs dizaines ou même centaines de millions de dollars n'ont jamais porté leurs fruits. Mais pour Me Hubert Tshiswaka Masoka, conseiller du président Tshisekedi en charge de la lutte contre l'impunité, le chef de l'État peut légalement écarter toute personnalité sur laquelle pèseraient de simples doutes. « S'il est question de moralité, la moralité n'a rien à voir avec la justice. Le chef peut lui-même entreprendre des enquêtes par le biais de ses services pour fouiller dans le passé d'une personne quelconque qui prétend à la gestion de la chose publique. »
Parmi la quinzaine de personnalités épinglées, toutes ne sont pas de la coalition pro-Kabila. Il y a des anciens Premiers ministres comme Augustin Matata Ponyo et Adolphe Muzito, des ministres comme Tryphon Kin Kiey Mulumba ou même des gestionnaires de projet comme Moïse Ekanga.