Le cheikh Ibrahim Zakzaky et sa femme qui demandent une libération conditionnelle pour raisons médicales et afin de pouvoir recevoir un traitement médical en Inde. Ils n'étaient pas présents ce lundi vu leur état de santé.
Maître Femi Falana, avocat du cheik Zakzaky, a indiqué que huit rapports médicaux ont été produits pour soutenir cette demande. Il explique que son client a déjà perdu un oeil et risquerait de perdre le second à cause d'un glaucome avancé.
Selon la défense, des éclats de plomb sont également logés dans le corps d'Ibrahim Zakzaki et dans celui de sa femme. Il s'agit des stigmates de la répression d'une procession religieuse, par la police, en 2015, qui s'était achevée dans un bain de sang. Ces résidus non traités provoqueraient un lent empoisonnement de son organisme, selon son avocat.
De leur côté, les autorités s'opposent à cette libération conditionnelle car elles estiment que le chef religieux chiite peut être soigné sur le territoire nigérian.
Les inquiétudes qui entourent la santé défaillante du leader religieux sont au cœur des protestations de ses partisans, qui manifestent quasiment quotidiennement pour réclamer sa libération. Certains observateurs craignent à terme une forte radicalisation du mouvement.
Des marches qui se terminent régulièrement dans la violence: il y a une semaine, au moins six manifestants, un journaliste et un policier ont perdu la vie en marge d'une de ces manifestations. Fin octobre 2018, la répression d'une autre marche de l'IMN avait déjà fait 47 morts.
L’élite sunnite hostile au mouvement
La police a promis de tout faire pour empêcher ces manifestations et la sécurité a été largement renforcée dans la capitale nigériane la semaine dernière.
Vendredi, la justice a finalement décidé d'interdire le mouvement chiite, dont les activités sont considérées comme « terroristes et illégales ». Une décision qui a été prise en l'absence des représentants du Mouvement islamique du Nigeria, dont la présence n'a pas été autorisée devant la Cour.
Cette interdiction du Mouvement islamique du Nigeria a fait réagir dans le pays et certains défenseurs des droits de l'homme estiment que cette décision va à l'encontre de la liberté de culte des chiites, normalement garantie par la Constitution.
Il faut dire que l'élite musulmane sunnite, majoritaire au Nigeria, n'a jamais caché son hostilité pour ce mouvement inspiré de la Révolution iranienne.
Un nouveau Boko Haram ?
Dans un communiqué publié dimanche soir, la présidence nigériane défend une décision qui ne vise pas l'ensemble des chiites, mais seulement à contenir « la violence, les meurtres, la destruction » du Mouvement islamique du Nigeria. Mais certains s'inquiètent de cette mécanique de la répression, qui pourrait favoriser l'émergence d'un nouveau groupe violent radical à l'image de Boko Haram.
Un haut responsable du Mouvement islamique du Nigeria, Yahiya Dahiru a d'ailleurs qualifié la décision du tribunal de « dangereuse ». « Vous ne pouvez jamais stopper une idéologie, vous ne pouvez jamais stopper une idée, vous ne pouvez jamais stopper notre religion », a-t-il lancé, soulignant que les manifestations ne cesseraient pas tant que Zakzaky ne serait pas libéré.