Les succès de l'économie marocaine sont indéniables, comme le traduit le recul impressionnant de la pauvreté, passée, en vingt ans, de 15 % à 4 % de la population. Le Maroc de Mohammed VI s'industrialise, se modernise et projette sa puissance vers l'Afrique de l'Ouest, devenue terre de conquête pour les entreprises du royaume.
Pourtant, si la richesse se crée, elle est toujours mal répartie. Selon l'ONG Oxfam qui consacre une longue étude à ce sujet, le coefficient Gini qui calcule les inégalités n'a pas varié en deux décennies. Les déséquilibres sont territoriaux - la richesse se concentre dans les villes au détriment des campagnes – et ils sont aussi éducatifs. L'école publique est souvent défaillante et les classes aisées se ruent sur le privé. Les femmes restent largement moins alphabétisées que les hommes.
Les inégalités se retrouvent aussi dans le système de santé. Les Marocains doivent payer, en soins, ce que l'État ne dépense pas pour eux. En cause, selon Oxfam, une fiscalité qui, au lieu de répartir les fruits de la croissance, les concentre sur les classes aisées. Résultat, le Maroc est 123e pays sur 188 à l'indice de développement humain calculé par les Nations unies. L'Algérie est 83e et la Tunisie 97e.