Ce militaire à la retraite, cheveu grisonnant, habite une demeure modeste. Dans la pièce où il reçoit, il faut enlever les chaussures. Pas de fusil de chasse visible. Au sol, un canari, des bouteilles perlées de cauris, des poudres comme on en trouve chez les guérisseurs.
Sur l’implication des chasseurs, voici la réponse énergique de Yekini Assika : « S’il devait y avoir la main des chasseurs, on devait se réunir. On n’a jamais tenu une réunion. Un recrutement des chasseurs, c’est faux. Ils n’ont qu’à dire d’où ces gens-là sont venus. Nous dans notre métier on ne doit pas mentir. »
Et c’est lui qui communique pour la première fois un bilan des victimes civiles, mais uniquement dans le rang des chasseurs. « Je reconnais la mort de 3 chasseurs à Tchaourou. Ils sont morts par balles. Il ne faut pas mentir, j’ai appris que les chasseurs ont tiré. »
Au cours de ces évènements, ils ont encore été accusés d’avoir dépassé leur rôle de protecteurs de la cité pour défendre Boni Yayi. Sont-ils réellement à son service ? « Je suis quelqu’un qui a refusé de faire la politique. Un chasseur que je surprends qui se fait élire délégué de quartier ou conseiller, je le radie de nos rangs. »
Parce qu’on dit d’eux qu’ils sont dépositaires de savoirs mystiques, les rumeurs les plus folles ont circulé pendant les échanges de tirs à Tchaourou. Ils seraient invulnérables aux balles réelles et feraient reculer l’armée par simple incantation. Le président des chasseurs ne fait aucune confidence, il répond juste, « nous avons nos secrets, tout est bénédiction ».