Alors que beaucoup sont cloîtrés chez eux, Abdelaazim Ali Amatou est l’un des rares clients à faire ses courses au marché central de Khartoum : « Il y a de l’insécurité dans les rues. On peut se faire agresser et dépouiller. Il n’y a pas de transport. Heureusement, les Soudanais se prennent beaucoup en stop. »
Les commerçants eux, regardent les allées désertes du marché l’air impuissant, à l’image d’Al Tayb Mahamed : « Les miliciens viennent souvent. Des gens sont battus, ils volent des téléphones, de l’argent. Les routes ne sont pas sûres, donc les grossistes ne peuvent plus nous livrer. On ne fait qu’attendre que nos produits pourrissent. Si ça continue, je vais fermer. »
Une peur permanente
Les professionnels aimeraient d’ailleurs que les Forces de soutien rapide (FSR) quittent les lieux, comme Abbas Moussa, vendeur d’oignons : « Bien sûr qu’il faut retirer ces troupes des rues. Tout le monde a peur d’eux. Ils se baladent avec des armes que les gens ne devraient même pas voir dehors. »
Soudain, un homme s’approche et lui conseille de ne pas dire de mal des FSR, sinon il risque des ennuis. Le discours d’Abbas Moussa change alors radicalement : « Je reconnais les FSR en tant que puissance. Je respecte ce qu’elles ont accompli au Yémen et au Darfour. On dit que des gens ont pris leurs uniformes pour commettre ces crimes. Il faudrait qu’on sache qui c’est. »
L’âme du marché central est pour l’instant absente et tant que les FSR seront là, les langues resteront liées.