Tout le monde s’accorde sur un point : il y a eu des signes avant-coureurs. Lors des dernières élections locales en octobre, la victoire du candidat indépendant, mais encarté PDCI, Jean-Marc Kouassi sur le RHDP Yacouba Traoré, a été violemment contestée dans la rue. Des attaques, des barricades. Mais pas de morts.
Les tensions étaient alors rapidement retombées, mais ces élections auront démontré si besoin était, qu’ici comme ailleurs, le vote reste communautaire (Malinkés RHDP, et Baoulés PDCI) et que la rupture au sommet entre les deux ex-alliés avait des conséquences très concrètes sur le terrain.
Ces violences ont alors ravivé de vieilles rancœurs. Celles des conflits récurrents entre agriculteurs d’un côté, et éleveurs et commerçants de l’autre. Entre pêcheurs locaux et Bozos venus du Nord et accusés de vider les rivières. Les mauvais souvenirs de l’arrivée tonitruante à Béoumi de la rébellion en 2002 sont revenus en mémoire. Les Malinkés avaient alors été assimilés à des soutiens des rebelles. Première fracture dans le « vivre ensemble ».
À cela s’ajoutent aujourd’hui des causes conjoncturelles. Le prix des matières premières agricoles est très bas, en particulier celui de l’anacarde qui a chuté. Nombre de cultivateurs se tournent donc vers le commerce ou les transports, domaines traditionnellement occupés par les Malinkés.
Des Malinkés accusés de ne laisser que des miettes à des Baoulés à qui ils reprochent de ne pas respecter les règles du secteur. Les médiations qui tentaient, avant les événements du 15 mai de rapprocher les positions, se poursuivent désormais avec un enjeu autrement plus important et dans un contexte autrement plus difficile.