Sous une tente où la température avoisine les 50 degrés, Ghazi el-Jack remue une soupe dans une gamelle grande comme une piscine gonflable. « On prépare un "fetta", explique-t-il. C’est une soupe de lentilles avec des morceaux de pain. On met aussi des fèves. Il y a trop de monde, on ne peut pas faire des sandwichs. Ça fait à peu près 5 000 repas. »
La nourriture et tout le matériel de cuisine sont fournis par Moujadidoun, l’entreprise de Faris el-Nour. Mais ça, c’était avant. Car depuis qu’il est revenu d’un voyage d’affaires à Londres pour soutenir la révolution, les choses ont changé.
« On m’a arrêté le lendemain de mon arrivée, le service des renseignements m’a forcé à démissionner de ma propre entreprise. Le 6 avril, j’ai annoncé sur Facebook que j’allais personnellement financer la nourriture de 3 000 personnes. Des centaines de personnes et d’entreprises m’ont contacté pour m’aider. »
Faris et les autres entrepreneurs volontaires distribuent ainsi près de 40 000 repas par jour sur le sit-in. Aman lui, aime à se présenter comme un entrepreneur social. « Les entrepreneurs sont patriotes et veulent soutenir le changement. Mais ils font tout cela en secret. Le vieil appareil d’Etat est toujours là. La plupart des ministères sont dirigés par des membres de l’ancien gouvernement. Les entrepreneurs travaillent en toute discrétion. »
Pour l’heure, aucun accord n’a été trouvé entre civils et militaires pour composer un nouveau gouvernement.