Législatives au Bénin: faible participation et quelques incidents

Au Bénin, les bureaux de vote ont ouvert ce dimanche matin à 7h00 (heure locale) et les cinq millions de Béninois inscrits sur les listes électorales ont eu, jusqu'à 16h00 (15h00 TU) pour voter. Les élections législatives se sont déroulées sans l'opposition. Seuls les partis acquis au président Patrice Talon ont été autorisés à concourir. Les opposants ont appelé au boycott. La participation s'est avérée plutôt faible.

A Porto Novo, à la mi-journée de ce dimanche, il n’y avait pas beaucoup de monde, même très, très peu de monde dans plusieurs bureaux de vote où RFI s’est rendue. Les cours d’écoles étaient quasiment désertes et les électeurs qui se présentaient venaient pour soutenir le président Patrice Talon.

« Il fait avancer le pays, j’ai confiance. Je fais mon devoir de citoyen », déclarait, par exemple, un conducteur de taxi-moto qui avait encore de l’encre sur le pouce.

En ville, le dispositif des forces de l’ordre était discret mais il était renforcé au niveau du pont, à l’entrée de la ville et au niveau de l’Assemblée nationale.

Tout était calme, pas d’altercations, ni de troubles et c’est l’incertitude qui prévalait. D’ailleurs, il y avait très peu de monde dans les rues et moins de fidèles que d’ordinaire à la cathédrale où l’on a prié pour la paix, ce dimanche matin.

La connexion Internet mobile, qui était ralentie ce matin, ne fonctionnait plus à la mi-journée. Les réseaux sociaux étaient inaccessibles.

« C’est la première fois qu’on voit cela en période électorale, ici. C’est vraiment déplorable », nous confiait un habitant avant d’ajouter qu’il n’ira pas voter « pour ne pas cautionner » ces élections.

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« Normalement, le vote au Bénin c’est une fête. On ne se déchire pas. Un Parlement monocolore, ce n’est pas la démocratie. Nous entrons dans autre chose », s’inquiètait-il.

Pas d’affluence non plus à Cotonou

A Cotonou, la capitale économique du Bénin, le constat, à la mi-journée était le même. Il n’y avait pas vraiment d’affluence dans les bureaux visités.

On attend les observateurs et la Commission électorale nationale autonome (Cena) pour avoir des indications précises sur le taux de participation à la fin du scrutin.

Patrice Talon, le chef de l’État, a voté à Cotonou ce matin mais il n’a fait aucune déclaration. Quant aux anciens présidents, adversaires farouches de ce scrutin, aucun d’eux ne s’est présenté dans le bureau de vote.

Pas d’incident majeur à la mi-journée. Les officiers de police judiciaire n’avaient envoyé aucun fauteur de troubles à la permanence du tribunal, selon le procureur.

Quelques incidents à l’intérieur du pays

Quelques points chauds ont été signalés dans la matinée, d’abord à Tchaourou, dans le centre du pays, à plus de 300 kilomètres au nord de Cotonou. Dans la ville natale de l’ancien président Boni Yayi, il y a eu de nouveaux incidents hypothéquant le démarrage et le déroulement du vote. Il n’y a donc pas eu d’opérations de vote à Tchaourou.

La situation était si tendue que la Commission électorale a demandé à ses représentants de se mettre sous la protection de la police. Le matériel électoral est désormais à l’abri, au commissariat.

Dans la même région, on signale aussi des perturbations à Tourou et Parakou. Du matériel de vote a été brûlé et on indique également qu’il y a une urne qui a été enlevée par des jeunes.

Difficile cependant de remonter toutes les informations de l’intérieur. Les réseaux sociaux ne fonctionnaient toujours pas à la mi-journée.

L'enjeu sera la participation

Plusieurs habitants ont affirmé, ce dimanche matin, qu’il n’était pas question pour eux d’aller voter. Ce serait cautionner, disent-ils, des élections qui n’en sont pas. « A quoi ça sert ? On connaît déjà le résultat ! Patrice Talon aura les 83 députés », ironisait par exemple un jeune homme qui se demandait s’il y aura des violences aujourd’hui. Il y a beaucoup de mécontentes, beaucoup de frustration, expliquait-il.

L’indication que tous attendent c'est le chiffre de la participation. Après avoir espéré vainement une opération de repêchage pour participer aux élections, l’opposition, toutes tendances confondues, a lancé un appel au boycott.

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